Pourquoi l’agriculture intelligente face au climat ?
L’agriculture intelligente face au climat (AIC) aide à relever un certain nombre de défis importants.
1. L’AIC aborde les questions de la sécurité alimentaire, de la mauvaise répartition et de la malnutrition
En dépit de l’attention accordée au développement agricole et à la sécurité alimentaire au cours des dernières décennies, il existe encore environ 800 millions de personnes sous-alimentées et 1 milliard de personnes souffrant de malnutrition dans le monde. Dans le même temps, plus de 1,4 milliard d’adultes sont en surpoids et un tiers de la nourriture produite est gaspillé. Avant 2050, la population mondiale devrait augmenter pour atteindre plus de 9,7 milliards d’habitants (United Nations 2015). 1 Dans le même temps, les tendances mondiales de la consommation alimentaire sont en train de changer de manière radicale. Par exemple, l’accroissement de la richesse stimule la demande pour les régimes riches en viande. Si les tendances actuelles des modes de consommation et de gaspillage de nourriture continuent, on estime que nous aurons besoin d’une production alimentaire supplémentaire de 60 % d’ici 2050 (Alexandratos and Bruinsma 2012). 2 CL’AIC contribue à améliorer la sécurité alimentaire pour les populations pauvres et marginalisées, tout en réduisant le gaspillage de nourriture à l’échelle mondiale (CCAFS 2013). 3
Figure 1 : Sécurité alimentaire, malnutrition et mauvaise répartition
Source: CCAFS Big Facts: Food security
2. L’AIC aborde la question du lien entre agriculture et pauvreté
L’agriculture demeure la principale source de nourriture, d’emploi et de revenu pour de nombreuses personnes vivant dans les pays en développement. En effet, selon les estimations, près de 75 % des pauvres dans le monde vivent en milieu rural et ont pour principale source de revenu l’agriculture (Lipper et al. 2014). 4 Ainsi, l’agriculture est particulièrement bien placée pour extirper les populations de la pauvreté. Le développement agricole est souvent la stratégie la plus efficace et équitable tant pour faire reculer la pauvreté que pour améliorer la sécurité alimentaire (CCAFS and FAO 2014). 5
3. L’AIC aborde la question du lien entre les changements climatiques et l’agriculture
Les changements climatiques sont déjà en train d’augmenter les températures moyennes à travers le monde et selon les prévisions, les températures seront non seulement plus élevées, mais également plus volatiles à l’avenir. Ceci, à son tour, modifiera la quantité des précipitations, ainsi que leurs lieux et périodes de survenue. Ensemble, ces changements augmenteront la fréquence et l’intensité de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations, les vagues de chaleur, les tempêtes de neige et la sécheresse. Ils peuvent entraîner l’élévation du niveau de la mer et de la salinisation, ainsi que des perturbations dans des écosystèmes entiers. Tous ces changements auront des répercussions profondes sur l’agriculture, la foresterie et la pêche (FAO 2013a). 6
Figure 2 : Évolution observée et prévue de la température annuelle moyenne de surface
Source: Climate change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability
Le secteur agricole est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, car les différents cultures et animaux se développent dans des conditions différentes. Ceci rend l’agriculture fortement tributaire de plages de températures constantes et de la disponibilité d’eau, qui sont exactement ce que les changements climatiques menacent de miner. En outre, l’incidence et la propagation des ravageurs et des maladies des plantes dans de nouveaux territoires pourraient croître (Grist 2015), 7 ce qui créerait de nouveaux enjeux pour la productivité agricole.
Figure 3: Changements prévus dans l’agriculture en 2080 en raison des changements climatiques
Source: UNEP/GRID-Arendal
Tandis que les changements climatiques auront des impacts tant positifs que négatifs sur les rendements des cultures – ce qui signifie que, pour certaines cultures dans certaines régions, les rendements augmenteront, tandis que d’autres ailleurs souffriront – les impacts négatifs ont compensé les effets positifs à ce jour (IPCC 2014b). 8 Selon les estimations, les changements climatiques ont déjà réduit les rendements mondiaux du blé et du maïs de 5,5 % et 3,8 %, respectivement (Lobell et al. 2011). 9 Par ailleurs, il ressort des prévisions que, d’ici à 2090, les changements climatiques entraîneront une perte de 8 à 24 % de la production calorique mondiale totale à partir du maïs, du soja, du blé et du riz (Elliott et al. 2015). 10 Ces baisses de productivité varieront d’un lieu à un autre. Par exemple, l’Afrique subsaharienne sera touchée d’une manière particulièrement dure ; on estime qu’à travers le continent, les rendements de maïs diminueront de 5 % et ceux du blé de 17 % d’ici à 2050 (Knox et al. 2012). 11
Figure 4 : Conséquences des changements climatiques pour les systèmes de production agricole et d’élevage
Source: CCAFS Big Facts: Climate impact on production
La relation entre agriculture et changements climatiques est réciproque : non seulement les changements climatiques affectent l’agriculture, mais, en retour, celle-ci a une incidence significative sur les changements climatiques. À l’échelle mondiale, l’agriculture, le changement d’affectation des terres et la foresterie sont responsables de 19 à 29 % des émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans les pays les moins avancés, ce chiffre atteint 74 % (Vermeulen et al. 2012; 12 Funder et al. 2009 13). À moins que les émissions agricoles ne soient réduites, l’agriculture représentera 70 % des émissions totales de GES possible, si on veut limiter l’augmentation de la température à 2° C (voir figure 6). Les options d’atténuation disponibles dans le secteur agricole sont tout aussi compétitives du point de vue des coûts que celles qui existent dans les secteurs de l’énergie, des transports et de la foresterie. En outre, elles sont tout aussi capables de contribuer à la réalisation des objectifs climatiques à long terme (Smith et al. 2007). 14 C’est la raison pour laquelle l’atténuation constitue l’un des trois piliers de l’agriculture intelligente face au climat.
Figure 5 : Emissions de gaz à effet de serre d’origine agricole
Source: CCAFS Big Facts: Food emissions
Figure 6 : Part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre dans un scénario de maintien du statu quo consistant à limiter l’augmentation de la température dans le monde à 2° C
Source: World Resources Institute
Figure 7 : Composition des émissions agricoles
Source: IPCC report: Agriculture
References
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United Nations, Department of Economic and Social Affairs Population Division. 2015. World Population Prospects: The 2015 Revision. Working Paper No. ESA/P/WP.241. New York, NY: The Department of Economic and Social Affairs of the UN Secretariat.
http://esa.un.org/unpd/wpp/Publications/Files/Key_Findings_WPP_2015.pdf Il est important de comprendre les évolutions démographiques susceptibles de survenir au cours des prochaines années, ainsi que les défis et opportunités qu’ils présentent pour la réalisation du développement durable, pour concevoir et mettre en œuvre le programme de développement de l’après 2015. La Révision 2015 de « World Population Prospects » (Perspectives démographiques dans le monde) est la 24e édition des estimations et projections officielles de la population des Nations Unies qui a été élaborée par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’ONU. Elle s’appuie sur la précédente révision en intégrant des résultats supplémentaires de la série de recensements nationaux de la population 2010, ainsi que les résultats des récentes enquêtes démographiques et de santé spécialisées menées à travers le monde. La Révision 2015 fournit des données démographiques et des indicateurs pour l’évaluation des tendances démographiques aux niveaux mondial, régional et national, et pour calculer de nombreux autres indicateurs clés couramment utilisés par le système des Nations Unies. -
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Alexandratos N, Bruinsma J. 2012. World agriculture towards 2030/2050: The 2012 revision. ESA Working Paper No. 12-03. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.
http://www.fao.org/docrep/016/ap106e/ap106e.pdf Ce document est une nouvelle version des Chapitres 1 à 3 du Rapport intérimaire intitulé « World Agriculture: towards 2030/2050 (FAO, 2006) ». De plus, ce nouveau document comprend un Chapitre 4 qui porte sur les facteurs de production (terres, eau, rendements et engrais). Les données révisées et plus récentes suivantes ont servi de base aux nouvelles projections : a) les données historiques actualisées du bilan alimentaire 1961-2007 en juin 2010 ; b) les estimations de la sous-alimentation tirées de l’État de l’insécurité alimentaire dans le monde 2010 (SOFI) et les nouveaux paramètres connexes (VC, besoins énergétiques journaliers minimaux) qui sont utilisés dans les projections ; c) les nouvelles données et projections démographiques tirées des Perspectives de la population mondiale des Nations Unies – révision de 2008 ; d) les nouvelles données et projections du PIB de la Banque mondiale ; e) 2005-2007 comme nouvelle année de référence (la précédente édition a utilisé comme année de référence 1999-2001) ; f) les estimations actualisées des ressources foncières tirées de la nouvelle évaluation de l’étude de la FAO et de l’IIASA sur les Zones agroécologiques mondiales (GAEZ). Les estimations des superficies forestières et des aires protégées dans les GAEZ sont prises en compte et exclues des estimations des superficies aptes à la production végétale dans lesquelles l’agriculture pourrait s’étendre à l’avenir ; g) les estimations actualisées de l’irrigation existante, des ressources en eau renouvelables et des possibilités d’extension de l’irrigation ; et h) les changements apportés au texte comme l’exigent les nouvelles données et projections historiques. De même que le rapport intérimaire, cette nouvelle version ne comprend pas de projections pour les secteurs de la pêche et de la foresterie. Les apports caloriques du poisson sont, cependant, inclus dans les projections de la consommation alimentaire, ainsi que ceux d’autres produits (tels que les épices) qui ne sont pas analysés individuellement. Les projections présentées reflètent les ampleurs et trajectoires que nous estimons que les principales variables alimentaires et agricoles pourraient prendre à l’avenir ; elles ne sont pas censées refléter la mesure dans laquelle ces variables peuvent être nécessaires pour évoluer à l’avenir afin d’atteindre un objectif normatif, par exemple assurer la sécurité alimentaire pour tous, éliminer la sous-alimentation ou la ramener à n’importe quel niveau souhaité, ou éviter la surconsommation d’aliments conduisant à l’obésité et aux maladies non transmissibles connexes. -
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CCAFS. 2013. Big Facts on Climate Change, Agriculture and Food Security. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).
https://ccafs.cgiar.org/bigfacts/# « Big Facts » est un recueil des faits les plus récents et les plus pertinents concernant le lien entre les changements climatiques, l’agriculture et la sécurité alimentaire. Il a vocation à servir de plateforme crédible et fiable pour la vérification des faits parmi la série de revendications contenue dans les rapports, les documents de plaidoyer et d’autres sources. Des sources complètes sont fournies pour tous les faits et chiffres et tout le contenu a suivi un processus d’examen par les pairs. -
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Lipper L, Thornton P, Campbell BM, (…), Torquebiau EF. 2014. Climate-smart agriculture for food security. Nature Climate Change 4:1068-1072.
http://dx.doi.org/10.1038/nclimate2437 L’agriculture intelligente face au climat (AIC) est une approche visant à transformer et réorienter les systèmes agricoles en vue de promouvoir la sécurité alimentaire face aux nouvelles réalités des changements climatiques. Les changements généralisés au niveau des précipitations et des températures mettent en péril la production agricole et accroissent la vulnérabilité des populations tributaires de l’agriculture pour leurs moyens d’existence, ce qui inclut la plupart des pauvres dans le monde. Les changements climatiques perturbent les marchés alimentaires, ce qui menace l’approvisionnement en denrées alimentaires pour l’ensemble de la population. Ces menaces peuvent être réduites en renforçant la capacité d’adaptation des agriculteurs et en augmentant la résilience et l’efficacité de l’utilisation des ressources dans les systèmes de production agricole. L’AIC promeut des actions coordonnées de la part des agriculteurs, des chercheurs, du secteur privé, de la société civile et des décideurs vers des stratégies résilientes aux changements climatiques dans les quatre principaux domaines d’action suivants : 1) l’accumulation des preuves ; 2) l’accroissement de l’efficacité institutionnelle locale ; 3) la promotion de la cohérence entre le climat et les politiques agricoles ; et 4) l’établissement de liens entre le climat et le financement agricole. L’AIC diffère des approches habituelles en ce sens qu’elle met l’accent sur la capacité à mettre en œuvre des solutions souples et spécifiques au contexte, appuyées par des politiques et des actions de financement novatrices. -
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CCAFS, FAO. 2014. Climate-Smart Agriculture: What is it? Why is it needed? Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.
http://www.fao.org/3/a-i4226e.pdf Au cours des 20 prochaines années, l’accroissement de la productivité et des revenus des systèmes de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la foresterie à petite échelle sera essentiel pour assurer la sécurité alimentaire mondiale. La plupart des pauvres dans le monde dépendent directement ou indirectement de l’agriculture et l’expérience a montré que le développement de l’agriculture constitue souvent la stratégie la plus efficace et la plus équitable pour faire reculer la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire. Les changements climatiques multiplient les défis liés à la croissance et aux améliorations nécessaires des systèmes agricoles, et leurs effets se font déjà ressentir. L’agriculture intelligente face au climat (AIC) est une approche permettant de faire face de manière holistique et efficace à ces défis liés. Cette fiche vise à donner un aperçu de l’approche et de ses principales caractéristiques, ainsi que des réponses aux questions fréquemment posées au sujet de celle-ci. -
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FAO. 2013a. Climate-Smart Agriculture: Sourcebook. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.
http://www.fao.org/3/a-i3325e.pdf D’ici à 2050, la population mondiale augmentera d’un tiers. La plupart de ces 2 milliards de personnes supplémentaires vivront dans des pays en développement. Dans le même temps, davantage de personnes vivront en ville. Selon les estimations de la FAO, si les tendances actuelles de la croissance du revenu et de la consommation se poursuivent, il faudra augmenter la production agricole de 60 % d’ici à 2050 pour satisfaire les besoins alimentaires tant humains qu’animaux escomptés. Par conséquent, l’agriculture doit se transformer afin de parvenir à nourrir une population mondiale croissante et servir de base à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Les changements climatiques rendront cette tâche plus difficile dans le cadre du scénario du statu quo, en raison de leurs effets néfastes sur l’agriculture, ce qui nécessitera une spirale d’adaptation et de coûts connexes. -
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Grist N. 2015. Topic Guide: Climate Change, Food Security and Agriculture. United Kingdom: DFID.
http://dx.doi.org/10.12774/eod_tg.april2015.gristn Élaboré à l’intention du personnel du DFID, ce Guide est pertinent pour les non-experts et experts en matière d’alimentation, d’agriculture et de changements climatiques. Il ne s’agit pas d’un manuel complet, mais d’un document visant à fournir suffisamment d’informations aux professionnels du développement pour leur permettre de prendre des mesures concrètes dans leur travail quotidien, ainsi que de savoir où rechercher des informations. -
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IPCC. 2014b: Summary for policymakers. In: Field CB et al., (Eds.). 2014. Climate Change 2014: Impacts, Adaptation, and Vulnerability. Part A: Global and Sectoral Aspects. Cambridge, United Kingdom: Cambridge University Press.
http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg3/ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakers.pdf La contribution du troisième Groupe de travail au cinquième Rapport d’évaluation (AR5) du GIEC évalue la littérature sur les aspects scientifiques, technologiques, environnementaux, économiques et sociaux de l’atténuation des changements climatiques. Elle s’appuie sur la contribution de ce Groupe de travail au quatrième Rapport d’évaluation (AR4) du GIEC, le Rapport spécial sur les sources d’énergie renouvelables et les mesures d’atténuation des changements climatiques (SRREN) et les rapports précédents, et intègre les nouvelles constatations et recherches suivantes. Le rapport évalue également les options d’atténuation à différents niveaux de gouvernance et dans les différents secteurs de l’économie, ainsi que les implications sociétales des différentes politiques d’atténuation, mais ne recommande aucune option particulière pour l’atténuation. Le présent Résumé pour les décideurs (SPM) suit la structure du rapport du troisième Groupe de travail. Le récit est étayé par une série de conclusions mises en exergue qui, prises ensemble, constituent un résumé concis. Le MSP repose sur les chapitres du rapport sous-jacent et le Résumé technique. Les références à ces derniers sont présentées entre crochets. -
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Lobell DB, Schlenker W, Costa-Roberts J. 2011. Climate trends and global crop production since 1980. Science 333(6042):616–620.
http://dx.doi.org/10.1126/science.1204531 Les efforts visant à prévoir la manière dont les changements climatiques influeront sur la disponibilité alimentaire future peuvent tirer parti de la compréhension des impacts des changements à ce jour. Nous avons constaté que, dans les régions de culture et les campagnes agricoles de la plupart des pays, à l’exception notable des États-Unis, l’évolution de la température de 1980 à 2008 a dépassé un écart-type de la variabilité historique d’une année à l’autre. Les modèles qui établissent un lien entre les rendements des quatre principales cultures de base et les conditions météorologiques indiquent que la production mondiale de maïs et de blé a diminué de 3,8 et 5,5 %, respectivement, par rapport à un contrefactuel sans évolution climatique. S’agissant du soja et du riz, il existe un large équilibre entre les gagnants et les perdants. Dans certains pays, l’évolution climatique a été suffisamment importante pour compenser une part significative de la hausse des rendements moyens résultant de la technologie, de la fertilisation par le dioxyde de carbone et d’autres facteurs. -
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Elliott J, Deryngd D, Müllere C, (...), Wisserv D. 2014. Constraints and potential of future irrigation water availability on agricultural production under climate change. PNAS 111(9):3239-3244.
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.1222474110 Nous comparons des ensembles de projections de l’offre et de la demande en eau à partir de dix modèles hydrologiques globaux et de six modèles de cultures globaux répartis sur une grille. Ceux-ci sont produits dans le cadre du Projet intersectoriel de comparaison des modèles d’impacts, coordonné par le Projet de comparaison et d’amélioration des modèles agricoles et induit par les résultats des modèles de circulation générale exécutés au titre de la voie de concentration représentative 8.5 dans le cadre du cinquième Projet couplé de comparaison des modèles. Les modèles prévoient que les impacts directs sur le maïs, le soja, le blé et le riz comprendront des pertes de 400 à 1 400 Pcal (8 à 24 % du total actuel) si on prend en compte les effets de la fertilisation par le CO2 ou de 1 400 à 2 600 Pcal (24 à 43 %) autrement. Les contraintes liées à l’eau douce dans certaines régions irriguées (Ouest des États-Unis ; Chine ; et Asie occidentale, australe et centrale) pourraient nécessiter le retour à l’agriculture pluviale sur 20 à 60 Mha de terres irriguées avant la fin du siècle, et une perte supplémentaire de 600 à 2 900 Pcal de production alimentaire. Dans d’autres régions (le Nord-est des États-Unis, des parties de l’Amérique du Sud, une grande partie de l’Europe et le Sud-est asiatique), l’excédent d’eau disponible pourrait, en principe, favoriser une augmentation nette de l’irrigation, bien que ceci nécessite d’importants investissements dans les infrastructures d’irrigation. -
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Knox J, Hess T, Daccache A, Wheeler T. 2012. Climate change impacts on crop productivity in Africa and South Asia. Environmental Research Letters 7:034032.
http://dx.doi.org/10.1088/1748-9326/7/3/034032 Les changements climatiques font planer une grave menace sur la productivité des cultures dans les régions déjà en proie à l’insécurité alimentaire. Nous avons évalué leurs impacts prévus sur le rendement de huit principales cultures en Afrique et en Asie du Sud en utilisant une revue systématique et une méta-analyse de données dans 52 publications originales d’une première série de 1 144 études. Ici, nous montrons que la moyenne prévue des évolutions de rendement de toutes les cultures est de -8 % dans les années 2050 dans les deux régions. Les évolutions de rendements moyennes ont été estimées à -17 % (blé), -5 % (maïs), -15 % (sorgho) et -10 % (mil) à travers l’Afrique, et à -16 % (maïs) et -11 % (Sorgho) en Asie du Sud. Aucune évolution moyenne de rendement n’a été détectée pour le riz. Compte tenu du nombre limité d’études identifiées pour le manioc, la canne à sucre et les ignames, il n’a pas été possible d’effectuer une méta-analyse pour ces cultures. La variation de la moyenne prévue des évolutions de rendement pour toutes les cultures était plus faible dans les études qui ont utilisé un ensemble de modèles climatiques (MCG) > 3. Au contraire, les études de simulation complexes utilisant des modèles de cultures biophysiques ont affiché la plus grande variation de la moyenne prévue des évolutions de rendement. Les preuves d’impact sur le rendement des cultures en Afrique et en Asie du Sud sont solides pour le blé, le maïs, le sorgho et le mil, mais non concluantes, absentes ou contradictoires pour le riz, le manioc et la canne à sucre. -
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Vermeulen SJ, Campbell BM, Ingram SJI. 2012. Climate Change and Food Systems. Annual Review of Environment and Resources 37:195-222.
http://dx.doi.org/10.1146/annurev-environ-020411-130608 Les systèmes alimentaires contribuent à hauteur de 19 % à 29 % aux émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre (GES), libérant 9 800 à 16 900 mégatonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt CO2e) en 2008. La production agricole, y compris les émissions indirectes liées au changement de couverture terrestre, contribue à hauteur de 86 % aux émissions totales du système alimentaire, avec d’importantes variations régionales. On s’attend à ce que les effets des changements climatiques mondiaux sur les systèmes alimentaires soient généralisés, complexes, géographiquement et temporellement variables et profondément influencés par la situation socioéconomique. Les études statistiques historiques et les modèles d’évaluation intégrés prouvent que les changements climatiques affecteront les rendements et les revenus agricoles, les prix des aliments, la fiabilité de la livraison, la qualité des aliments et, surtout, la sécurité des aliments. Les producteurs et les consommateurs d’aliments à faible revenu seront plus vulnérables aux changements climatiques, en raison de leur capacité plus limitée à investir dans des institutions et des technologies adaptatives dans le contexte des risques climatiques croissants. Il est possible de créer certaines synergies entre sécurité alimentaire, adaptation et atténuation. Toutefois, des interventions prometteuses telles que l’intensification de l’agriculture ou la réduction des déchets, nécessiteront une gestion minutieuse afin de répartir efficacement les coûts et avantages. -
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Funder M, Fjalland J, Ravnborg HM, Egelund H. 2009. Low Carbon Development and poverty Alleviation. DIIS Report 2009:20. Copenhagen, Denmark: Danish Institute for International Studies.
http://pure.diis.dk/ws/files/61228/DIIS_Report_2009_20_Low_Carbon_Development_and_Poverty_Alleviation.pdf Ce rapport présente les principales conclusions d’une étude schématique sous le thème « Atténuation des changements climatiques et réduction de la pauvreté dans les pays en développement : possibilités de coopération pour le développement » effectuée par l’Institut danois d’études internationales sur financement du Ministère danois des affaires étrangères. L’étude identifie des options pratiques de combinaison du développement à faibles émissions de carbone avec la réduction de la pauvreté et la croissance économique dans les pays les moins avancés (PMA), en mettant l’accent sur l’énergie, l’agriculture et la foresterie. -
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Smith P et al. 2007. Agriculture. In: Metz B et al., (Eds.). 2007. Climate Change: Mitigation. Contribution of WG III to the Fourth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge, United Kingdom: Cambridge University Press.
https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg3/ar4-wg3-chapter8.pdf Les terres agricoles (terres utilisées pour la production agricole, qui comprennent les terres cultivées, les prairies aménagées et les cultures permanentes, notamment les cultures agroforestières et bioénergétiques) occupent environ 40 à 50 % de la surface terrestre. Les émissions imputées à l’agriculture ont été estimées en 2005 à 5,1-6,1 Gt CO2-eq/an (soit 10 à 12 % des émissions anthropiques mondiales totales de gaz à effet de serre (GES)). Il existe une variété d’options pour la réduction des émissions de GES dans l’agriculture. Les options les plus importantes sont l’amélioration de la gestion des cultures et des pâturages (par exemple, l’amélioration des pratiques agronomiques, l’utilisation des nutriments, le labour et la gestion des résidus), la restauration des sols organiques drainés pour la production agricole et la restauration des terres dégradées. Des niveaux plus faibles mais non négligeables d’atténuation peuvent être atteints grâce à une meilleure gestion de l’eau et du riz, à la mise en jachère et au changement d’affectation des terres (par exemple, la conversion des terres cultivées en prairies) ; à l’agroforesterie ; ainsi qu’à l’amélioration de la gestion du bétail et du fumier. De nombreuses options d’atténuation reposent sur les technologies actuelles et peuvent être mises en œuvre immédiatement, mais le développement technologique sera un facteur clé de l’efficacité de mesures d’atténuation supplémentaires à l’avenir (niveau élevé d’accord, beaucoup de preuves). D’une manière générale, les perspectives d’atténuation des émissions de GES dans l’agriculture indiquent un potentiel élevé à cet égard (niveau élevé d’accord, preuves moyennes). Les initiatives en cours laissent penser que la synergie entre les politiques de lutte contre les changements climatiques, le développement durable et l’amélioration de la qualité de l’environnement pourrait conduire à la réalisation du potentiel d’atténuation dans ce secteur.