Contexte 1 2
La disponibilité d’aliments pour ruminants en saison sèche constitue une contrainte majeure dans de nombreuses parties des régions tropicales humides/arides. Les petits exploitants agricoles ont recours à de nombreux aliments différents pour combler le déficit, notamment les résidus de cultures, les petits champs de légumineuses (« banques de fourrage ») et le fourrage opportuniste coupé en bordure de route. De nombreuses preuves montrent que les espèces d’arbres appropriées, lorsqu’elles sont plantées dans de petites exploitations, peuvent permettre de s’adapter au climat dans une large gamme de situations. Au rang de ces espèces figure Leucaena leucocephala, originaire d’Amérique centrale, mais naturalisée de nos jours dans les régions tropicales.
Lien avec l’AIC
Les feuilles de Leucaena sont très nutritives et, lorsqu’elles sont utilisées en complément pour l’alimentation du bétail, elles peuvent améliorer considérablement le rendement en viande et en lait, par rapport à un régime alimentaire de base de faible qualité. La plantation d’espèces telles que Leucaena dans une exploitation mixte peut ainsi augmenter la productivité par animal tout en améliorant la résilience en ayant des impacts considérables sur le revenu. Dans le même temps, étant donné que les feuilles améliorent l’alimentation des ruminants, la quantité de méthane produite par animal par kilogramme de viande et de lait produit est réduite de manière sensible. De plus, la plantation de Leucaena dans les exploitations accroît la séquestration du carbone dans le sol – éventuellement jusqu’à 38 tonnes de carbone par ha, ce qui représente un apport potentiel substantiel au revenu des ménages, même aux prix actuels du carbone.
Impacts et leçons apprises
L’utilisation de Leucaena comme complément alimentaire peut améliorer le revenu du ménage directement par le biais de l’augmentation de la productivité. Par exemple, la consommation d’un kilo de feuilles deLeucaena par animal et par jour peut tripler les rendements en lait et les gains en poids vif (Thornton and Herrero 2010). 3 Les effets cumulés de l’adoption généralisée de cette option dans les systèmes mixtes des régions tropicales recèlent également un important potentiel d’atténuation, dans la mesure où l’intensification de l’alimentation pourrait réduire considérablement le nombre de ruminants nécessaires pour satisfaire la demande future de lait et de viande (en 2030, avec 42 millions et 52 millions d’animaux, respectivement). Les défis au niveau local concernent notamment les ressources en main-d’œuvre des ménages, la disponibilité de matériel de plantation approprié et le savoir-faire en matière de commercialisation. Toutefois, ces obstacles à l’adoption généralisée de cette option ne sont pas insurmontables.
References
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Thornton PK, Herrero M. 2014. Climate change adaptation in mixed crop-livestock systems in developing countries. Global Food Security 3(2):99-107.
http://dx.doi.org/10.1016/j.gfs.2014.02.002 Les systèmes mixtes combinant agriculture et élevage produisent la majeure partie du lait et de la viande de ruminants dans le monde et revêtent une importance particulière pour les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des populations pauvres dans les pays en développement. Ces systèmes supporteront tout le poids de la contribution à la satisfaction de la demande croissante de vivres d’une population en pleine augmentation, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, où la pauvreté rurale et la faim sont déjà concentrées. Les impacts potentiels des changements et de la variabilité climatiques sur ces systèmes mixtes ne sont pas bien compris, notamment en ce qui concerne la manière dont la sécurité alimentaire des ménages vulnérables peut être affectée. Il existe de nombreuses façons pour les systèmes mixtes de s’adapter aux changements climatiques à l’avenir, y compris grâce à l’amélioration de l’efficacité de la production qui comporte parfois, par ailleurs, d’importants coavantages en termes d’atténuation. Toutefois, une adaptation efficace nécessitera un cadre politique, technique, infrastructurel et informationnel favorable et le défi du développement est redoutable. -
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Wambugu C, Franzel S. 2014. Fodder Shrubs for increasing the Incomes of (Peri)urban Livestock Owners. Nairobi, Kenya: World Agroforestry Centre.
http://www.ruaf.org/sites/default/files/Fodder%20Shrubs%20for%20Increasing%20the%20Incomes%20of%20(Peri)urban%20Livestock%20Owners_1.pdf Le Kenya compte environ 650 000 petits producteurs de lait dont la plupart se trouvent à proximité de villes, où la demande de lait est élevée et les coûts de commercialisation sont relativement faibles. Le lait est une denrée très périssable et ceci constitue l’une des principales raisons pour lesquelles il est produit au sein et autour des zones urbaines. -
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Thornton PK, Herrero M. 2010. The potential for reduced methane and carbon dioxide emissions from livestock and pasture management in the tropics. PNAS 107(46):19667–19672.
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.0912890107 Nous calculons les réductions potentielles des émissions de méthane et de dioxyde de carbone provenant de plusieurs options de gestion de l’élevage et des pâturages dans les systèmes de production mixtes et axés sur les parcours dans les régions tropicales. Les effets de l’adoption de pâturages améliorés, l’intensification des régimes alimentaires des ruminants, ainsi que l’évolution des pratiques d’utilisation des terres et des races de grands ruminants, sur la production de méthane et de dioxyde de carbone sont calculés pour deux niveaux d’adoption : l’adoption complète, pour estimer la limite supérieure des réductions de ces gaz à effet de serre (GES) et des taux d’adoption optimistes mais plausibles tirés de la littérature, là où il en existe. Les résultats sont exprimés à la fois en GES par tonne de produit d’élevage et en Gt CO2-eq. Nous estimons que le potentiel maximal d’atténuation de ces options dans les systèmes d’élevage terrestre des zones tropicales représente environ 7 % du potentiel mondial d’atténuation agricole jusqu’en 2030. En utilisant les taux d’adoption historiques tirés de la littérature, le potentiel d’atténuation plausible de ces options pourrait contribuer à hauteur d’environ 4 % au volume global de la réduction des émissions de GES dues à l’agriculture. Ceci pourrait valoir quelque 1,3 milliard de dollars par an, au prix de 20 $ par tonne d’équivalent CO2. Cependant, les impacts au niveau du ménage et sur le plan socioculturel de certaines de ces options appellent une étude approfondie, car l’élevage joue de nombreux rôles dans les systèmes tropicaux, qui vont souvent bien au-delà de leur utilité productive.