Contexte
Depuis 2009, le Gouvernement du Kenya, le Département du développement international du Royaume-Uni (DfID) et l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) financent l’élaboration d’un mécanisme de décentralisation du financement et de la planification de l’adaptation dans les comtés ruraux au Kenya. Après avoir été expérimentés pour la première fois dans le comté d’Isiolo, les Fonds d’adaptation de comté (CAF) ont été ensuite étendus à quatre autres comtés et couvrent, à l’heure actuelle, environ 30 % de la masse continentale du pays. Dans la phase actuelle (2013-2016), le DfID travaille en partenariat avec l’Office kényan de gestion de la sécheresse et l’IIED, avec l’appui technique de divers ONG et organismes (IIED 2013). 1
Lien avec l’AIC
Soixante-dix pour cent (70 %) des fonds d’adaptation des comtés sont affectés à des investissements dans des biens et services publics et ont ainsi un impact direct sur la productivité, premier pilier de l’agriculture intelligente face au climat (IIED 2014). 2 Ces investissements sont identifiés et hiérarchisés par les communautés par le biais des Comités de planification de l’adaptation de quartier. Jusqu’ici, ils se sont concentrés sur les infrastructures hydrauliques à des fins commerciales et domestiques (par exemple les digues de sable, les réservoirs d’eau, les forages, les réserves d’eau stratégiques), ainsi que sur la surveillance des maladies du bétail. Vingt pour cent (20 %) des fonds sont alloués aux investissements au niveau du comté par un comité de planification de l’adaptation de comté. À ce jour, les activités ont intégré des services vétérinaires trans-comté et l’intégration de stratégies et de pratiques d’adaptation aux changements climatiques dans les Plans d’aménagement de comté (ibid). Ainsi, le projet contribue également au deuxième pilier de l’agriculture intelligente face au climat, à savoir l’adaptation. En vertu de la Constitution kényane de 2010, les administrations locales se sont vues conférer un pouvoir de décision et déléguer un pouvoir budgétaire de plus en plus élevé, et il est prévu que les comtés bénéficient, en définitive, d’un fonds gouvernemental pour le climat au niveau national.
Impacts et leçons apprises
Les Fonds d’adaptation de comté au Kenya sont encore en cours de déploiement et on ignore pour le moment les résultats à long terme. Toutefois, jusqu’ici, ils ont constitué un modèle apparemment réussi permettant de surmonter la déconnexion généralisée entre les niveaux national et infranational en matière d’adaptation de l’agriculture (Müller et al. 2014). 3 Tout d’abord, la concentration des fonds aux niveaux des comtés et des quartiers permet de surmonter les obstacles administratifs et politiques et autres goulots d’étranglement qui empêchent souvent les institutions au niveau méso de soutenir l’adaptation. Deuxièmement, lorsque les parties prenantes identifient leurs propres besoins d’investissement, elles permettent aux réponses d’adaptation de se développer en fonction du contexte agro-écologique et des moyens d’existence locaux, et non d’une politique nationale uniforme. Les expériences liées à l’approche CAF sont en train d’être intégrées dans le Plan national d’adaptation du Kenya et l’approche est en cours d’expérimentation en Tanzanie également.
References
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1
IIED. 2013. Ensuring devolution supports adaptation and climate resilient growth in Kenya. London, United Kingdom: The International Institute for Environment and Development (IIED).
http://pubs.iied.org/pdfs/17161IIED.pdf Une gestion efficace des ressources naturelles revêt une importance capitale pour la capacité d’adaptation et la croissance résiliente au climat – et ce, nulle part plus que dans les zones arides et semi-arides du Kenya. Les changements climatiques toucheront tôt et durement les communautés et les économies des zones arides, dans la mesure où ils aggravent les causes structurelles existantes de la pauvreté et des inégalités. La mauvaise gouvernance et l’exclusion des voix locales (notamment de la planification et de la gestion des ressources naturelles) ont érodé la capacité intuitive des communautés des zones sèches à s’adapter. Toutefois, conformément à la nouvelle constitution du Kenya, un Fonds dédié pour l’adaptation au climat est à l’essai dans le comté d’Isiolo. Il place les priorités locales au cœur de l’agenda de développement et peut intégrer les stratégies et innovations locales en matière d’adaptation dans la politique nationale, en fournissant des informations qui pourraient également aider à réformer les systèmes de planification du développement dans d’autres régions arides. -
2
IIED. 2014. Isiolo County Adaptation Fund: Activities, Costs and Impacts after the 1st Investment Round. London, United Kingdom: The International Institute for Environment and Development (IIED).
http://pubs.iied.org/pdfs/G03806.pdf L’adaptation aux changements climatiques dans un contexte marqué par des déficits de développement constitue un défi majeur pour une grande partie de l’Afrique. L’adaptation n’est nulle part plus nécessaire que dans les zones arides et semi-arides (ZASA) du Kenya, dont les communautés et les économies seront touchées plus tôt et plus durement par les effets des changements climatiques que celles des autres régions du pays. En 2010, dans le cadre de la réforme constitutionnelle du Kenya visant à transférer les pouvoirs de planification et de développement aux administrations de comté, le Ministère d’État chargé du développement du Nord du Kenya et des autres terres arides (MDNKOAL) a sollicité le soutien des partenaires au développement pour lancer un projet pilote en vue d’identifier les voies et moyens d’intégrer les changements climatiques dans la planification et la mise en œuvre du développement au niveau des comtés et au plan national. Le renforcement des capacités institutionnelles au niveau des comtés pour la bonne gouvernance et la planification adaptative a été reconnu par le Ministère comme un facteur essentiel pour un développement solide et résilient au Kenya face aux changements climatiques futurs. Ce document résume le processus, les coûts, l’optimisation des ressources et les impacts du projet jusqu’ici et décrit la trajectoire future pour financer l’adaptation aux changements climatiques dans les ZASA du Kenya. -
3
Müller B, Pizer W, de Coninck S, Morrow D, Serrano de la Rosa G, Sharma A, Hesse C. 2014. Devolved Access Modalities: Lessons for the Green Climate Fund from existing practice. Oxford, United Kingdom: Oxford Climate Policy.
http://www.oxfordclimatepolicy.org/publications/documents/DevolvedAccessfinal.pdf L’objectif de ce mémoire consiste à répondre à certaines préoccupations concernant ce modèle d’accès décentralisé/déconcentré qui ont été soulevées (dans les communications personnelles) par les membres du Conseil et d’autres parties prenantes. Pour ce faire, il s’appuie sur sept études de cas pour illustrer les pratiques en vigueur qui pourraient fournir des idées et des points de vue sur la manière dont le FVC pourrait concevoir sa propre approche (ou son ensemble d’approches) pour une modalité d’accès décentralisé/déconcentré du FVC, qui peut emprunter des caractéristiques au diverses formes utilisées par les autres. Les études de cas portent sur les quatre questions suivantes : a. Comment fonctionne le modèle de financement en général, en termes de décaissement de fonds ? b. Qui décide de quoi ? En particulier, en ce qui concerne l’approbation du financement, quelles décisions sont prises par l’organisme de financement et quels pouvoirs de décision sont transférés et à qui ? c. Comment ce modèle de financement permet-il de veiller à ce que les objectifs du Conseil d’administration soient atteints et comment veille-t-il à ce que les diverses normes fiduciaires et mesures de protection soient respectées sans que le processus ne soit mis en œuvre ? d. Comment le niveau de financement d’un programme particulier est-il déterminé ?