Introduction
Les environnements propices à l’agriculture intelligente face au climat (AIC) sontles conditions-cadres qui facilitent et favorisent l’adoption de technologies et de pratiques intelligentes face au climat. Ils comprennent les politiques, les mécanismes institutionnels, la participation des parties prenantes et la considération du genre, les infrastructures, les régimes d’assurance, ainsi que l’accès aux services d’information et de conseil météorologiques. Un environnement propice peut prévoir les lois, règlements et mesures d’incitation nécessaires pour que la réorientation et la transformation vers une agriculture intelligente face au climat se fassent de manière efficace et durable. Il permet de renforcer les capacités institutionnelles à tous les niveaux et réduit les risques qui dissuadent les agriculteurs d’investir dans les nouvelles techniques et pratiques. L’expérience a montré que l’investissement dans un tel environnement revêt une importance capitale pour la mise en œuvre à plus grande échelle de l’AIC.
Assurance indexée
Introduction
Les petits agriculteurs et éleveurs dans les pays à faible revenu se retrouvent souvent piégés dans la pauvreté parce qu’ils ne sont pas en mesure d’effectuer des investissements dans l’amélioration des pratiques agricoles, en raison des risques liés aux conditions météorologiques. L’assurance agricole, une approche intéressante de la gestion de ces risques, repose en principe sur la mesure directe de la perte ou du préjudice subi(e) par chaque agriculteur. Cependant, l’évaluation de la perte au champ est onéreuse et chronophage, en particulier là où il existe un grand nombre de petits agriculteurs ou d’éleveurs qui ne peuvent s’offrir le luxe du retard inévitable dans les paiements (Greatrex et al. 2015). 1
Quant à l’assurance indexée, elle constitue une solution de rechange possible, car elle utilise des indices climatiques tels que la pluie pour le calcul des primes concernant les risques clairement définis. Les paiements peuvent être effectués rapidement, avec des coûts administratifs plus faibles et des primes moins élevées que celles qui caractérisent les régimes d’assurance-récolte conventionnels. Les caractéristiques typiques de l’assurance fondée sur un indice de précipitations, pour les récoltes sont (IFAD 2015b): 2
- une station météorologique donnée est désignée comme station de référence ;
- un paramètre météorologique déclencheur est défini (par exemple un nombre cumulé de millimètres de pluie), au niveau duquel le paiement des primes prévues au titre du contrat s’enclenche ;
- le paiement d’un montant forfaitaire ou supplémentaire est effectué (par exemple un montant en espèces par millimètre de pluie au-dessus ou en dessous du déclencheur) ;
- une limite du paramètre mesuré est définie (par exemple la hauteur cumulée des précipitations), au niveau de laquelle une prime maximale est versée ;
- la durée de l’assurance est stipulée dans le contrat et coïncide avec la période de croissance des cultures ; elle peut être divisée en phases, chaque phase ayant son propre déclencheur, sa majoration et sa limite.
Pour les éleveurs nomades dans les régions reculées, une approche novatrice utilisant l’imagerie satellite du couvert végétal du sol (= disponibilité de fourrage) est en cours d’expérimentation en Afrique de l’Est. (Greatrex et al. 2015, 1 Jay 2015, 3 Étude de cas 2).
Contribution à l’AIC
- Productivité : l’assurance indexée, à laquelle s’ajoute souvent l’accès au crédit, permet aux agriculteurs de prendre davantage de risques et d’investir dans les pratiques améliorées qui augmentent la productivité et la sécurité alimentaire, même en cas de conditions météorologiques défavorables.
- Adaptation grâce à la gestion des risques climatiques à court terme : dans de nombreuses régions du monde, les précipitations sont très variables tant en termes de quantités saisonnières totales que de modes de distribution. Dans ces situations, les paysans encourent inévitablement des risques de perte de bétail, de baisse de rendement des cultures ou de mauvaise récolte. L’assurance indexée vise explicitement à gérer ces risques et, par conséquent, contribue dans une large mesure à la résilience des paysans.
- Adaptation grâce à la gestion des risques climatiques à plus long terme : selon les projections des changements climatiques, dans de nombreuses régions, les quantités de précipitations pourraient diminuer et la variabilité de la pluviométrie augmenter. Dans ces régions, l’assurance indexée deviendra de plus en plus une importante stratégie d’adaptation, mais il peut également s’avérer nécessaire d’augmenter les primes.
- Atténuation : ceci dépendra de la mesure dans laquelle les paysans assurés peuvent investir dans des pratiques améliorées de production qui augmentent la séquestration du carbone ou réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ressources clés
Greatrex H, Hansen J, Garvin S, Diro R, Blakeley S, Le Guen M, Rao K, Osgood D. 2015. Scaling up index insurance for smallholder farmers: Recent evidence and insights. CCAFS Report No. 14. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).Mise à l’échelle de l’assurance indicielle pour les petits agriculteurs : preuves et leçons récentes.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/38716/retrieve
Ce rapport examine les preuves et idées découlant de cinq études de cas qui ont permis récemment de réaliser des progrès considérables en vue de relever le défi d’assurer les petits agriculteurs et éleveurs pauvres dans les pays en développement. Il ressort de ces études quelques caractéristiques communes qui semblent avoir contribué aux progrès récents, à savoir : le ciblage explicite des obstacles à l’amélioration des revenus des paysans ; l’intégration de l’assurance dans d’autres interventions de développement ; l’association des paysans à la conception des produits ; l’investissement dans les capacités locales ; et l’investissement dans l’élaboration d’indices scientifiques. Les preuves découlant de ces études de cas peuvent éclairer le débat en cours sur la viabilité de la mise à échelle de l’assurance indexée pour les petits producteurs vulnérables dans les pays en développement. Les progrès rapides observés au cours de ces dernières années montrent que l’assurance indexée peut profiter aux petits producteurs dans une large mesure, et qu’il y a lieu de réévaluer les arguments selon lesquels l’absence de la demande et les difficultés liées à la mise en pratique empêchent l’assurance indexée d’être un outil utile pour la réduction de la pauvreté en milieu rural.
IFAD. 2011. Weather Index-based Insurance in Agricultural Development: A Technical Guide. Reprinted February 2015. International Fund for Agricultural Development (IFAD).L’assurance météorologique indicielle dans le développement agricole : guide technique.
http://www.ifad.org/ruralfinance/pub/wii_tech_guide.pdf
Le FIDA a travaillé sur l’assurance indexée dans le cadre de son engagement à réduire la vulnérabilité des petits agriculteurs ruraux pauvres et à leur ouvrir l’accès à une gamme de services financiers en vue d’améliorer leurs moyens d’existence. Grâce à un don de la Fondation Bill et Melinda Gates, en 2008 le FIDA a uni ses forces à celles du Programme alimentaire mondial (PAM) pour lancer le Mécanisme de gestion des risques climatiques (Weather Risk Management Facility (WRMF)). Le Mécanisme a entrepris des travaux de recherche à l’échelle mondiale sur les meilleures pratiques des gouvernements et des donateurs en matière d’assurance fondée sur un indice météorologique (weather index-based insurance (WII)), tout en soutenant les initiatives pilotes relatives à ces régimes d’assurance en Chine et en Éthiopie (IFAD and WFP 2010). Ce guide technique traduit les résultats et l’expérience à ce jour en étapes de prise de décisions pratiques pour le personnel de gestion des programmes pays du FIDA et du PAM et d’autres donateurs intéressés par la promotion de cet outil d’atténuation des risques.
Carter M, de Janvry A, Sadoulet E, Sarris A. 2014. Index-based weather insurance for developing countries: A review of evidence and a set of propositions for up-scaling. Ferdi Working Paper No. 111. Clermont-Ferrand, France: Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (Ferdi).L’assurance météorologique indicielle pour les pays en développement : examen des preuves et une série de propositions pour la mise à échelle.
http://www.ferdi.fr/sites/www.ferdi.fr/files/publication/fichiers/wp111_index_insurance_web.pdf
D’importants efforts de recherche ont été déployés afin d’évaluer l’impact de l’assurance fondée sur un indice météorologique sur l’adaptation aux chocs et la gestion des risques, et contribuer à l’amélioration de sa conception et de sa mise en œuvre. Bien que, d’une manière générale, les retombées aient été positives là où cette approche a été bien accueillie, son adoption est généralement faible et, dans la plupart des cas, elle se fait dans des conditions non durables. Ce document traite des raisons qui expliquent l’écart actuel entre les promesses et la réalité, notamment : a) l’attrait sur le plan théorique de l’assurance indexée ; b) l’incidence de l’assurance indexée là où elle est pratiquée ; c) les raisons de sa faible adoption ; d) les progrès actuels liés à sa conception et à sa mise en œuvre ; e) les partenariats publics-privés pour l’adoption de l’assurance ; f) les implications politiques de sa mise à échelle.
Études de cas
References
-
1
Greatrex H, Hansen JW, Garvin S, Diro R, Blakeley S, Le Guen M, Rao KN, Osgood DE. 2015. Scaling up index insurance for smallholder farmers: Recent evidence and insights. CCAFS Report No. 14. Copenhagen, Denmark: CCAFS.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/38716/retrieve Ce rapport examine les preuves et idées découlant de cinq études de cas qui ont permis récemment de réaliser des progrès considérables en vue de relever le défi d’assurer les petits agriculteurs et éleveurs pauvres dans les pays en développement. En Inde, les programmes nationaux d’assurance indicielle ont touché plus de 30 millions d’agriculteurs grâce à un lien obligatoire avec le crédit agricole et d’un solide appui gouvernemental. En Afrique de l’Est (Kenya, Rwanda et Tanzanie), Agriculture and Climate Risk Enterprise (ACRE) vient d’être mise à échelle pour atteindre près de 200 000 agriculteurs, en regroupant l’assurance indicielle avec le crédit et les intrants agricoles. ACRE a établi de solides partenariats avec des initiatives régionales telles que les services bancaires mobiles M-PESA. En Éthiopie et au Sénégal, l’Initiative de résilience rurale R4 a étendu l’assurance indicielle non subventionnée à plus de 20 000 petits exploitants pauvres qui étaient considérés naguère comme non assurables et utilisaient l’assurance comme partie intégrante d’un portefeuille complet de gestion des risques. Grâce au ferme soutien du secteur public et du secteur privé, le Projet d’assurance-bétail indicielle de la Mongolie (IBLIP) assure plus de 15 000 éleveurs nomades et établit des liens entre l’assurance commerciale et le filet gouvernemental de protection contre les catastrophes. Enfin, le projet d’Assurance-bétail indicielle (IBLI) au Kenya et en Éthiopie démontre des approches novatrices pour assurer les éleveurs nomades pauvres en situation difficile. -
2
IFAD. 2015b. Weather Index-based Insurance in Agricultural Development: A Technical Guide. Rome, Italy: International Fund for Agricultural Development.
http://www.ifad.org/ruralfinance/pub/wii_tech_guide.pdf Ce guide technique est conçu comme un outil pratique de référence pour orienter le personnel de gestion des programmes pays du FIDA, du PAM et des autres bailleurs de fonds à travers les étapes de la mise en œuvre d’un programme d’AMI. Il examine chaque phase du processus : depuis la première étape consistant à évaluer si l’AMI est la bonne méthode d’intervention et si elle est réalisable, jusqu’aux futures domaines que le FIDA, le PAM et d’autres bailleurs de fonds peuvent appuyer par la mise à échelle, en passant par la mise en œuvre d’un projet pilote. Le guide contient des informations générales, des explications et des recommandations de ressources pour aider à la prise de décisions éclairées. -
3
Jay A. 2015. Agricultural insurance innovations breathe new life into pastoralism in Ethiopia. CCAFS Blog. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).
https://ccafs.cgiar.org/blog/agricultural-insurance-innovations-breathe-new-life-pastoralism-ethiopia#.VdmcDiVViko Cet article posté sur le blog du CCAFS présente les avantages de l’assurance-bétail indicielle (IBLI) pour les éleveurs en Éthiopie.
Services d’information climatique
Introduction
La fréquence et la gravité des phénomènes climatiques extrêmes – notamment les sécheresses, les périodes sèches, les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations – augmentent à travers le monde sous l’effet des changements climatiques. Les petits agriculteurs sont particulièrement vulnérables à la variabilité du climat, qui peut survenir tant entre les saisons que pendant une saison. Les agriculteurs qui pratiquent une agriculture pluviale sont particulièrement vulnérables à la variabilité des précipitations. Ainsi, la plupart des petits agriculteurs s’en remettent à des « stratégies d’adaptation » traditionnelles qui ont évolué au fil des générations suite à une longue expérience des variations naturelles, combinées avec leurs réponses spécifiques au déroulement de la saison. Par nature, ces stratégies « répartissent les risques ». En d’autre termes, elles visent à atténuer les impacts négatifs des mauvaises saisons, mais ne parviennent généralement pas à mettre à profit les opportunités positives qu’offrent les saisons normales et plus que normales (Cooper et al. 2008). 4 Cependant, grâce à un appui institutionnel et à des politiques propices, à des informations climatiques (historiques, découlant de la surveillance et tirées des prévisions), ainsi qu’à l’aide des conseils, cette incertitude peut être réduite et les agriculteurs peuvent être en mesure de mieux gérer les risques et tirer parti des conditions climatiques favorables lorsque celles-ci se produisent. En outre, la réduction de la vulnérabilité aux risques climatiques dans le présent est nécessaire pour l’adaptation aux changements climatiques à l’avenir, car les agriculteurs vulnérables sont susceptibles de subir les changements climatiques, dans une large mesure, comme des changements de fréquence et de sévérité des événements extrêmes.
Cependant, de nombreux travaux de recherche montrent que les informations disponibles à l’heure actuelle ne suffisent pas pour que les petits agriculteurs puissent en bénéficier. Plusieurs autres défis doivent être relevés, notamment ceux présentés ci-dessous (Hansen et al. 2011): 5
- Pertinence : il s’agit de combler le fossé entre le contenu, l’échelle, le format et le délai d’exécution dont les agriculteurs ont besoin, et les informations qui sont régulièrement disponibles.
- Légitimité : il s’agit d’associer effectivement les agriculteurs à la conception et à la fourniture des services.
- Accès : il s’agit de promouvoir l’accès en temps opportun et la compréhension pour les communautés rurales éloignées.
- Equité : il s’agit de veiller à ce que les femmes et les groupes économiquement et socialement marginalisés en bénéficient.
- Intégration : il s’agit d’établir un lien entre les services climatologiques et les efforts de développement agricole au sens plus large.
Dans les milieux à risque, les efforts visant à favoriser le passage à des moyens d’existence agricoles intelligents face au climat doivent être appuyés par des stratégies, des programmes et des politiques qui permettent aux populations vulnérables de surmonter l’obstacle du risque climatique grâce à un accès plus grand et en temps plus opportun à des informations météorologiques appropriées et aux conseils associés.
Contribution à l’AIC
La fourniture des informations météorologiques et des conseils associés contribue à l’AIC sous plusieurs angles importants.
- Productivité : étant donné que les risques climatiques constituent souvent un obstacle à l’adoption des techniques intelligentes face au climat et au passage à une agriculture plus productive, les services climatologiques efficaces font partie du cadre propice pour le passage à plusieurs systèmes agricoles intelligents face au climat. Des informations météorologiques plus adéquates et opportunes peuvent aider les agriculteurs à prendre des décisions concernant le calendrier de culture et les variétés de cultures qui augmentent la productivité.
- Adaptation grâce à la gestion des risques : l’utilisation efficace des services d’information météorologique contribue à la résilience en permettant aux agriculteurs de mieux gérer les impacts négatifs des risques météorologiques pendant les mauvaises saisons, tout en tirant davantage parti des saisons normales et plus que normales.
- Atténuation : les faits montrent que les services climatologiques peuvent apporter une contribution à l’atténuation en favorisant une utilisation plus efficace des engrais, pour autant qu’on assure une meilleure adéquation entre l’utilisation des engrais et des autres intrants, d’une part, et les conditions climatiques d’année en année, d’autre part.
Ressources clés
Dorward P, Clarkson G, Stern R. 2015. Participatory Integrated Climate Services for Agriculture (PICSA): Field Manual. Walker Institute, University of Reading.Services climatiques intégrés participatifs pour l’agriculture (PICSA) : Manuel de terrain.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/60947/retrieve
L’approche des Services climatiques intégrés participatifs pour l’agriculture (Participatory Integrated Climate Services for Agriculture (PICSA)) vise à aider les agriculteurs à prendre des décisions éclairées fondées sur des informations climatiques et météorologiques exactes et strictement localisées ; des options de cultures, d’élevage et de moyens d’existence adaptées au contexte local ; à l’aide d’outils participatifs qui facilitent les décisions. Ce manuel de terrain est un guide étape par étape pour l’application de l’approche PICSA avec des groupes d’agriculteurs. Il est essentiellement destiné à l’usage des facilitateurs (par exemple les ONG et les vulgarisateurs de terrain qui ont été initiés à l’utilisation de l’approche PICSA). L’approche PICSA se répartit en douze étapes à exécuter avec les groupes d’agriculteurs. En raison du caractère strictement spécifique à la localité de cette approche, il existe un certain nombre d’activités préparatoires qui doivent être entreprises avant que le personnel de terrain n’y soit initié.
Tall A, Hansen J, Jay A, Campbell B, Kinyangi J, Aggarwal PK, Zougmoré R. 2014. Scaling up climate services for farmers: Mission Possible. Learning from good practice in Africa and South Asia. CCAFS Report No. 13. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).Mise à échelle des services climatiques en faveur des agriculteurs : une mission possible. Apprendre des bonnes pratiques en Afrique et en Asie du Sud.
Ce rapport présente les leçons tirées de 18 études de cas effectuées en Afrique et en Asie du Sud, qui ont élaboré et mis à disposition des informations météorologiques et climatiques et fourni des services de conseils à l’intention des petits exploitants agricoles. Les études de cas et les leçons qui en découlent donnent une idée de ce qui sera nécessaire pour édifier des systèmes nationaux efficaces pour la production, la fourniture, la communication et l’évaluation de services climatologiques opérationnels à l’intention des petits exploitants agricoles à travers le monde en développement. Les études de cas concernent, notamment deux programmes nationaux qui ont été évalués récemment, à savoir : le Programme intégré de services de conseils agrométéorologiques (AAS) de l’Inde, qui publie des avis agrométéorologiques sur mesure à l’intention de millions d’agriculteurs ; et le Projet d’assistance agrométéorologique au monde rural du Mali, qui a fourni des services de conseils agrométéorologiques saisonniers innovants aux petits exploitants agricoles. À ces programmes s’ajoutent 16 initiatives moins matures fonctionnant à une échelle pilote en Afrique et en Asie du Sud. Les études de cas ont été examinées du point de vue de la manière dont elles contribuent à relever les cinq grands défis liés à l’extension de services climatologiques efficaces pour les agriculteurs à savoir : la pertinence, l’accès, la légitimité, l’équité et l’intégration.
Hansen JW, Mason SJ, Sun L, Tall A.2011. Review of seasonal climate forecasting for agriculture in sub-Saharan Africa. Experimental Agriculture 47(2):205-240.Examen des prévisions climatiques saisonnières pour l’agriculture en Afrique subsaharienne.
http://dx.doi.org/10.1017/S0014479710000876
Le document examine l’utilisation faite des prévisions climatiques saisonnières pour l’agriculture et la valeur qui leur est accordée en Afrique subsaharienne (ASS) afin de comprendre et de mettre à profit les opportunités de faire valoir encore plus leurs avantages potentiels. Une enquête a montré que les SMN africains vont souvent bien au-delà du processus des fora régionaux sur les perspectives climatiques pour améliorer la qualité des prévisions saisonnières et les diffuser auprès du secteur agricole. Les preuves d’une combinaison de compréhension de la manière dont les incertitudes climatiques influent sur l’agriculture, d’analyses par modèle ex-ante, d’expressions subjectives de la demande ou de la valeur, ainsi que de quelques évaluations bien documentées de leur utilisation effective et des avantages qui en découlent montrent que les prévisions saisonnières peuvent avoir un potentiel considérable d’amélioration de la gestion agricole et des moyens d’existence en milieu rural. Toutefois, les contraintes liées à la légitimité, à la pertinence, à l’accès, à la compréhension, à la capacité à réagir et à la rareté des données ont limité jusqu’ici l’utilisation généralisée et les avantages des prévisions saisonnières pour les petits exploitants agricoles. Ces contraintes, qui reflètent l’inadéquation des produits d’information, des politiques ou des processus institutionnels, peuvent être surmontées. Un autre moyen de permettre aux communautés rurales de tirer parti des prévisions saisonnières consiste à étendre leur utilisation à la coordination de l’offre d’intrants et de crédit, à la gestion des crises alimentaires, au commerce et à l’assurance agricole. L’engouement autour des prévisions saisonnières en Afrique subsaharienne après l’épisode El Niño de 1997-98 a baissé ces dernières années, mais des initiatives nouvelles telles que le Cadre mondial pour les services climatologiques et ClimDev-Afrique sont en passe de redynamiser l’appui aux services d’information sur les prévisions saisonnières pour l’agriculture. Nous concluons par une analyse des changements institutionnels et politiques qui, à notre humble avis, permettront d’améliorer considérablement les avantages des prévisions saisonnières pour l’agriculture en Afrique subsaharienne.
Études de cas
References
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4
Cooper PJM et al. 2008. Coping better with current climatic variability in the rain-fed farming systems of sub-Saharan Africa: An essential first step in adapting to future climate change? Agriculture, Ecosystems & Environment 126(1-2):24-35.
http://dx.doi.org/10.1016/j.agee.2008.01.007 L’agriculture pluviale est appelée à demeurer pendant longtemps la principale source de denrées alimentaires de base et le principal moyen d’existence de la majorité des populations rurales pauvres en Afrique subsaharienne (ASS). Afin que ce secteur puisse répondre aux besoins de l’Afrique de demain en termes de sécurité alimentaire, un large éventail de parties prenantes devra consentir des investissements très importants dans l’agriculture. Toutefois, l’incertitude de la production due à la variabilité de la pluviométrie tant entre les saisons qu’au cours de celles-ci demeure une contrainte fondamentale pour nombre d’investisseurs qui surestiment souvent les impacts négatifs des incertitudes suscitées par le climat. Les changements climatiques pourraient aggraver la situation en accroissant de la variabilité des précipitations. Il y a lieu, tout d’abord, de renforcer la capacité des communautés et acteurs du secteur agricole de l’ASS afin qu’il puisse mieux faire face aux contraintes et saisir les opportunités liées à la variabilité climatique actuelle et s’adapter aux changements climatiques et à l’accroissement prévu de la variabilité du climat. Il existe, à l’heure actuelle, des outils et approches qui assurent une meilleure compréhension, caractérisation et cartographie des implications de la variabilité climatique pour l’agriculture et permettent d’élaborer des stratégies de gestion du risque climatique adaptées aux besoins spécifiques des parties prenantes. L’application de ces outils permet de mettre au point et de diffuser des innovations ciblées en matière d’investissement présentant une forte probabilité de succès biophysique et économique dans le contexte de la variabilité climatique. -
5
Hansen JW, Mason SJ, Sun L, Tall A. 2011. Review of seasonal climate forecasting for agriculture in sub-Saharan Africa. Experimental Agriculture 47(02):205-240.
http://dx.doi.org/10.1017/S0014479710000876 Nous examinons l’utilisation et la valeur des prévisions climatiques saisonnières pour l’agriculture en Afrique subsaharienne (ASS), afin de comprendre et de saisir les opportunités de tirer le meilleur parti de leurs avantages potentiels. L’interaction entre l’atmosphère et les océans constitue la base des prévisions probabilistes des conditions climatiques sur une période donnée de la saison, notamment pendant les saisons de culture dans certaines régions de l’Afrique subsaharienne. Les Fora régionaux sur les perspectives climatiques (FRPC) et les services météorologiques nationaux (SMN) ont été à l’avant-garde des efforts visant à fournir des informations prévisionnelles pour l’agriculture. Une enquête a montré que les SMN africains vont souvent bien au-delà du processus des FRPC pour améliorer les prévisions saisonnières et les diffuser dans le secteur agricole. Les preuves tirées d’une combinaison de la compréhension de l’impact des incertitudes climatiques sur l’agriculture, des analyses ex ante fondées sur des modèles, des expressions subjectives de la demande ou de la valeur et des quelques évaluations bien documentées de leur utilisation réelle et des avantages qui en découlent indiquent que les prévisions saisonnières pourraient recéler un potentiel considérable d’amélioration de la gestion de l’agriculture et des moyens d’existence ruraux. Toutefois, les contraintes liées à la légitimité, à la pertinence, à l’accès, à la compréhension, à la capacité de réponse et à la pénurie de données ont limité jusqu’ici l’utilisation généralisée et les avantages des prévisions saisonnières parmi les petits exploitants agricoles. Les contraintes dues à des produits d’information, des politiques ou des processus institutionnels inadéquats peuvent être surmontées. D’autres opportunités dont pourraient tirer parti les communautés rurales découlent de l’utilisation accrue des prévisions saisonnières pour coordonner l’approvisionnement en intrants et crédits, la gestion des crises alimentaires, ainsi que les assurances commerciales et agricoles. L’intensification des activités liées aux prévisions saisonnières en Afrique subsaharienne qui a eu lieu après le phénomène El Niño de 1997-98 a diminué ces dernières années. Mais des initiatives nouvelles telles que le Cadre mondial pour les services climatologiques et ClimDev-Afrique, devraient redynamiser le soutien aux services de prévision saisonnière pour l’agriculture. Nous concluons par une discussion sur les changements institutionnels et politiques qui, à notre avis, permettront d’accroître considérablement les avantages des prévisions saisonnières pour l’agriculture en Afrique subsaharienne.
Infrastructure
Introduction
L’agriculture est très tributaire des infrastructures et du capital physique, notamment les routes, les équipements et les bâtiments, lesquels peuvent être sévèrement touchés en cas de phénomènes extrêmes. Les pertes économiques susceptibles d’être engendrées par ces phénomènes peuvent devenir une menace sérieuse pour le secteur agricole. Ceci est particulièrement vrai dans la mesure où la valeur des actifs fixes tend à être importante par rapport à la production annuelle moyenne et au revenu agricole annuel moyen. Il est donc nécessaire d’élaborer des mesures et instruments préventifs de manière à pouvoir faire face à d’éventuels dommages causés aux infrastructures agricoles. Chose importante, pour que ces mesures soient couronnées de succès, elles doivent être adaptées aux caractéristiques régionales (EU Commission 2009). 6
Un moyen efficace pour accroître la résilience des infrastructures rurales consiste à intégrer les techniques d’adaptation aux changements climatiques dans les politiques, les plans et les budgets. Par exemple, il peut être nécessaire d’apporter des changements aux normes de construction et aux codes du bâtiment pour mieux les adapter aux changements climatiques afin d’accroître la résilience des infrastructures à des phénomènes extrêmes tels que les tempêtes et les inondations. De nombreuses techniques efficaces de construction « à l'épreuve du climat » sont à moindres coûts et reposent sur des technologies locales. Au Bangladesh, par exemple, l’innovation locale a donné lieu à une « maison intelligente face au climat », qui résiste aux cyclones et est économe en nourriture, en énergie et en eau. D’autres réponses plus nationales aux changements climatiques concernant les infrastructures tiennent à la reconception, la délocalisation et la reconstruction des principaux axes de transport, ponts ou barrages ou des principales unités de traitement. Il est important que ces grands projets d’infrastructure prennent en considération les changements que le phénomène des changements climatiques apportera pour le secteur agricole et qu’un mécanisme de prise de décision intersectoriel approprié soit mis en place pour assurer la coordination.
Dans certains cas, la réponse appropriée aux changements climatiques peut être de réduire ou adapter, plutôt que d’améliorer ou augmenter, les infrastructures. Par exemple, à la lumière des projections des changements climatiques, des gouvernements nationaux et locaux dans certaines régions d’Europe choisissent de mettre hors service les digues maritimes et permettre aux zones en culture de redevenir des zones humides naturelles. L’amélioration des infrastructures d’irrigation peut être un investissement agricole intelligent face au climat essentiel dans de nombreux pays. Une approche de planification à l’échelle du paysage permet, par exemple, d’intégrer des systèmes d’irrigation dans les zones humides naturelles et les voies navigables qui tiennent lieu de moyens de protection contre les chocs climatiques, tout en offrant d’autres avantages environnementaux.
Contribution à l’AIC
- Productivité : comme c’est le cas pour les investissements dans les infrastructures classiques, l’investissement dans les infrastructures résilientes aux changements climatiques peut aider à augmenter la productivité et les revenus (par exemple grâce à un meilleur accès aux marchés), et à améliorer les moyens d’existence. Mais, contrairement à la plupart des investissements dans les infrastructures classiques, il aide à protéger ces investissements contre les effets néfastes des changements climatiques.
- Adaptation : les infrastructures résilientes au climat peuvent résister à des risques climatiques à court terme tels que l’incidence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes. Elles contribuent également à la transformation du secteur agricole face aux impacts à long terme des changements climatiques, notamment les changements dans les principales régions de production (comme dans le cas du café et du cacao).
- Atténuation : l’investissement dans l’infrastructure à faible émission de carbone peut contribuer à réduire les émissions de GES.
Ressource clé
UNIQUE Forestry and Land Use. 2013. Rural development and adaptation to climate change: What do we know?Développement rural et adaptation aux changements climatiques : Que savons-nous ?
https://www.giz.de/fachexpertise/downloads/giz2013-en-adaptation-on-climate-change.pdf
Bien que ce document porte largement sur le renforcement de la résilience aux changements climatiques dans les zones rurales, il donne un aperçu de l’importance de l’infrastructure. Le développement de l’infrastructure doit viser à relever les défis spécifiques que présentent les changements climatiques. Par exemple, les petits États insulaires sont particulièrement vulnérables à des risques spécifiques tels que l’élévation du niveau de la mer et les violentes tempêtes, nécessitant le développement des défenses côtières. D’autres domaines peuvent être plus vulnérables à la sécheresse, et bénéficieraient ainsi du développement de l’irrigation. La construction et l’entretien des routes rurales et d’autres réseaux de transport ont été identifiés comme une forme d’infrastructure particulièrement importante. Ils peuvent améliorer l’accès non seulement aux marchés pour les agriculteurs, mais également aux services de santé et d’éducation. Le fait de disposer de routes commerciales ouvertes constitue une protection essentielle en cas de changements climatiques, dans la mesure où celles-ci assurent l’accès aux marchés de denrées alimentaires, ainsi qu’aux intrants agricoles et à d’autres technologies. Le défi consiste à concevoir des investissements ruraux bien ciblés, par exemple, le choix du bon type de revêtement pour la route ; contrairement aux processus de planification classiques, il y a lieu de prendre en compte ici les prévisions relatives à la variabilité du climat.
Études de cas
References
-
6
EU Commission. 2009. Adapting to climate change: the challenge for European agriculture and rural areas. Commission Staff Working Document. COM (2009) 147.
http://ec.europa.eu/danmark/documents/alle_emner/miljo/090401_work_doc_landbrug_en.pdf Le Livre blanc intitulé « Adapting to climate change » 1 définit un cadre d’action pour le renforcement de la résilience de l’Europe aux changements climatiques, en soulignant la nécessité d’intégrer l’adaptation dans l’ensemble des principales politiques européennes et de renforcer la coopération à tous les niveaux de gouvernance. En complément du Livre blanc, le présent document résume les principaux impacts des changements climatiques sur l’agriculture au sein de l’UE, examine les besoins d’adaptation, décrit les implications pour la PAC et explore les orientations possibles pour l’action future. Il vise à engager davantage les États membres et la communauté agricole dans un débat et dans une action sur les besoins d’adaptation induits par les pressions climatiques.
Engagement politique
Introduction
L’élaboration et la mise en œuvre de politiques appropriées et la création d’un cadre propice sont essentielles pour parvenir à l’adoption généralisée de l’agriculture intelligente face au climat (AIC). Au niveau national, les politiques relatives aux changements climatiques sont généralement déclinées à travers des stratégies et plans nationaux et régionaux, notamment les Programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA), les plans nationaux d’adaptation (PNA) et les Mesures d’atténuation adaptées au contexte national (MAAN). Les plans relatifs à l’agriculture et à la sécurité alimentaire sont souvent intégrés dans les stratégies de développement national et de réduction de la pauvreté ; les documents de politique commerciale, financière, agricole et environnementale nationaux revêtent également une importance capitale.
Chose importante, par « politique », il convient de ne pas entendre seulement la « politique gouvernementale ». Cette notion devrait comprendre également les politiques et stratégies des autres acteurs, notamment ceux du secteur privé, ainsi que les investisseurs, les organisations régionales et intergouvernementales, les organisations nationales et internationales de la société civile, les organisations paysannes et autres.
En général, l’objectif qui sous-tend l’engagement dans la politique de l’AIC est d’orienter les politiques et supprimer des composantes qui agissent comme des freins à l’adoption de l’AIC, notamment les subventions publiques, tout en réaffectant les ressources aux programmes qui encouragent l’adoption de l’AIC. Des outils et instruments stratégiques tels que les programmes de crédit rural, les politiques de tarification des intrants et des produits, les subventions, l’appui aux investissements d’intérêt public, les droits de propriété, les services de recherche et de vulgarisation, ainsi que les programmes de filets de sécurité, peuvent tous être utilisés pour inciter davantage les acteurs concernés, y compris les agriculteurs, à modifier les systèmes de production et à renforcer leurs capacités pour l’AIC (FAO 2013a). 7
Un engagement efficace dans la politique de l’AIC exige une compréhension approfondie de la structure du pouvoir et du processus de prise de décision concernant les changements climatiques aux niveaux national et local. En outre, la formulation des politiques d’AIC exige une bonne connaissance des informations dont les décideurs ont besoin. À cet effet, il est essentiel que les informations spécifiques soient adaptées aux besoins des décideurs pour un processus de prise de décision efficace qui assure une bonne liaison entre la science et la politique (McKinley et al. 2015). 8
Certains défis majeurs peuvent être identifiés dans le cadre du soutien à l’élaboration des politiques et à la création des cadres propices, à savoir :
- assurer l’appropriation par les responsables de la définition et la mise en œuvre des politiques et des stratégies, ainsi que par les personnes qu’une politique donnée pourrait affecter ;
- élaborer des approches intersectorielles et des politiques cohérentes dans tous les secteurs susceptibles d’aider à assurer une plus grande intégration et une coordination plus étroite entre les secteurs et les acteurs ;
- assurer la mise en œuvre efficace des plans et stratégies de haut niveau par ceux qui interviennent aux niveaux des districts ou des communautés, en particulier les groupes vulnérables, et veiller à ce qu’ils contribuent à la planification nationale et régionale ;
- enfin, la plupart des processus politiques sont très multidimensionnels, idiosyncrasiques, opaques, en particulier dans les contextes où les gouvernements sont relativement faibles, rarement tout à fait orientés vers la résolution des problèmes, mais plutôt profondément enracinés dans la politique.
Les outils de formulation de politiques et d’orientation comprennent des évaluations participatives, des scénarios multi-acteurs et l’utilisation de modèles de simulation, l’analyse multicritères, la cartographie participative des pouvoirs, la modélisation d’accompagnement et de conception industrielle participative, les méthodes de calcul des rendements sociaux participatifs des investissements, etc. Ces méthodes peuvent être utilisées pour donner des indications concrètes, tout en étant compatibles avec l’approche inclusive systémique nécessaire pour l’amélioration du cadre stratégique de l’AIC (Jordan and Turnpenny 2015). 9
Contribution à l’AIC
L’orientation des politiques, stratégies et investissements peut avoir un impact considérable sur la faisabilité de la mise à échelle de l’AIC en supprimant les obstacles, créant des capacités, autonomisant les personnes vulnérables et rendant disponibles les ressources essentielles. Les politiques d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation peuvent aider à encourager l’adaptation des approches spécifiques de l’AIC, tant pour les risques à court terme que pour les effets à long terme. Davantage de politiques agricoles et de développement traditionnelles peuvent comprendre des interventions spécifiques à l’AIC, ainsi que des interventions qui renforcent la résilience aux changements climatiques et l’agriculture durable, d’une manière plus générale. Par exemple, des approches de plus large portée peuvent augmenter les moyens d’existence et renforcer les capacités en augmentant la productivité ou améliorant différentes conditions du système alimentaire, notamment le stockage et l’accès au marché (Sova et al. 2015b; 10 Vermeulen et al. 2013 11).
Ressources clés
FAO. 2013. Climate-Smart Agriculture Sourcebook. Module 13: Mainstreaming Climate-smart agriculture into National Policies and Programmes. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations. Pp. 353-369.Guide de références à l’agriculture intelligente face au climat. Module 13 : Intégration de l’agriculture intelligente face au climat dans les politiques et programmes nationaux.
http://www.fao.org/3/a-i3325e.pdf
La première partie de ce module décrit l’AIC dans des cadres économiques et politiques plus vastes et souligne son rôle clé en tant que principal moteur de l’économie verte. La deuxième partie examine les moyens d’améliorer l’accessibilité des marchés grâce à des instruments stratégiques et financiers appropriés. Elle se penche ensuite sur la coordination intersectorielle et l’intégration de l’AIC dans les programmes de gestion des risques de catastrophe et de filets sociaux. La dernière section présente le rôle des acteurs impliqués dans la mise en œuvre et les voies et moyens d’améliorer leur accès au savoir et au suivi.
Vermeulen SJ, Challinor AJ, Thornton PK, Campbell BM, Eriyagama N, Vervoort JM, Kinyangi J, Jarvis A, Läderach P, Ramirez-Villegas J, Nicklin J, Hawkins E, Smith DR. 2013. Addressing uncertainty in adaptation planning for agriculture. PNAS 110:8357-8362.Faire face à l’incertitude dans la planification de l’adaptation pour l’agriculture.
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.1219441110
Le document présente un cadre de hiérarchisation des approches d’adaptation selon une série d’échelle temporelle. Le cadre est illustré par quatre études de cas de pays en développement, qui sont assorties chacune de la caractérisation des incertitudes y afférentes. Deux cas sur la planification de l’adaptation à court terme au Sri Lanka et des exercices de scénario des parties prenantes en Afrique de l’Est montrent comment l’utilité relative de l’approche par les capacités – par opposition à l’approche par l’impact de la planification de l’adaptation diffère selon le niveau d’incertitude et le temps d’exécution associée. Deux autres cas démontrent qu’il est possible d’identifier les incertitudes qui ont une incidence sur la prise de décision dans des délais et des circonstances données. Le cas relatif au café en Amérique latine identifie les seuils altitudinaux auxquels les stratégies d’adaptation progressifs, par opposition aux stratégies d’adaptation transformative, constituent des options solides. Le dernier cas utilise trois études de simulation cultures-climat pour démontrer comment les incertitudes peuvent être caractérisées à différents horizons temporels pour déterminer où les options d’adaptation solides sont possibles. L’une des conclusions est que les approches par l’impact, qui utilisent des modèles prédictifs, sont plus utiles lorsque les délais d’exécution sont plus longs et les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre plus élevés. Le document conclut, par ailleurs, que les phénomènes extrêmes sont importants pour déterminer la prévisibilité sur une large gamme d’échelles temporelles. Les résultats démontrent la possibilité de parvenir à des connaissances et mesures solides dans un contexte d’incertitude.
Kissinger G, Lee D, Orindi VA, Narasimhan P, King’uyu SM, Sova C. 2013. Planning climate adaptation in agriculture. Meta-synthesis of national adaptation plans in West and East Africa and South Asia. CCAFS Report No. 10. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).Planification de l’adaptation au climat en agriculture. Méta-synthèse des plans nationaux d’adaptation en Afrique de l’Ouest et de l’Est et en Asie du Sud.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/23693/retrieve
Ce rapport examine les plans nationaux d’adaptation (PAN) dans douze pays d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique de l’Est et d’Asie du Sud. Le processus de PAN fait partie de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui vise à faciliter la planification et la mise en œuvre efficace des stratégies d’adaptation dans les pays en développement à moyen et à long terme. Les auteurs appliquent un cadre analytique unique pour déterminer les progrès accomplis par les pays en matière d’élaboration de politiques et de planification, en mettant en évidence les différentes étapes de l’élaboration des PAN. Le rapport évalue les pratiques, progrès et défis actuels dans les pays étudiés en ce qui concerne les trois principales phases du PAN, à savoir : l’évaluation et le classement des risques ; la conception de l’adaptation et les interventions ; et la mise en œuvre, le suivi et le financement de l’adaptation. À la lumière de ces conclusions, les auteurs proposent plusieurs recommandations à l’intention des décideurs politiques et des praticiens en vue du renforcement des processus de planification de l’adaptation. Au nombre des principales solutions figurent : le renforcement des capacités en matière de projection des risques et d’évaluation des impacts climatiques ; l’évaluation permanente des cadres institutionnels, compte tenu de la complexité de la gouvernance ; et l’intégration des stratégies d’adaptation dans les autres objectifs de développement et les politiques existantes.
Bockel L, Gentien A, Tinlot M, Bromhead M. 2011. From Nationally Appropriate Mitigation Actions (NAMAs) to Low-Carbon Development in agriculture: NAMAs as a pathway at country level. EASYPol Module 103. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.Des mesures d’atténuation appropriées à l’échelle nationale (MAAN) au développement à faibles émissions de carbone dans le secteur agricole : les MAAN comme stratégie au niveau pays.
http://www.fao.org/docs/up/easypol/881/nationally_appropriate_mitigation_actions_namas_103en.pdf
Ce document porte sur le rôle des Mesures d’atténuation adaptées au contexte national (MAAN) en tant qu’instrument dans la hiérarchisation des mesures prises par le gouvernement en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les MAAN sont des engagements pris volontairement dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui définissent les mesures d’atténuation nécessaires au sein de l’économie d’un pays, y compris les secteurs de l’agriculture et de la foresterie. Le document présente de manière exhaustive les concepts et évolutions concernant les MAAN, depuis leur apparition au cours de la conférence de la CCNUCC de 2007 à Bali, ainsi que les processus par lesquels ils peuvent contribuer au passage à une croissance à faible émission de carbone dans le secteur agricole. Les activités de l’initiative « Agriculture, foresterie et autres utilisations des terres » (AFAT) ont été identifiées comme un domaine clé des MAAN pour les pays en développement, car elles ont un poids socioéconomique important et comportent des avantages pour l'atténuation.
Lipper L, Thornton P, Campbell BM, Baedeker T, Braimoh A, Bwalya M, Caron P, Cattaneo A, Garrity D, Henry K, Hottle R, Jackson L, Jarvis A, Kossam F, Mann W, McCarthy N, Meybeck A, Neufeldt H, Remington T, Sen PT, Sessa R, Shula R, Tibu A, Torquebiau EF. 2014. Climate-smart agriculture for food security. Nature Climate Change 4:1068-1072.L’agriculture intelligente face au climat au service de la sécurité alimentaire. Changement climatique de la Nature
http://dx.doi.org/10.1038/nclimate2437
D’importants changements en ce qui concerne les précipitations et les températures menacent la production agricole et augmentent la vulnérabilité des personnes qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, au nombre desquels figurent la plupart des pauvres du monde. Les changements climatiques perturbent les marchés alimentaires, ce qui comporte des risques pour l’approvisionnement en nourriture de l’ensemble de la population. Ces menaces peuvent être réduites par le renforcement de la capacité d’adaptation des agriculteurs, ainsi que par l’accroissement de la résilience et de l’efficacité de l’utilisation des ressources dans les systèmes de production agricole. Les auteurs de ce document soutiennent que l’agriculture intelligente face au climat (AIC) est une approche permettant de parvenir à une telle transformation et à la réorientation des systèmes agricoles afin d’appuyer la sécurité alimentaire dans le cadre des nouvelles réalités de changements climatiques. Ils estiment que l’AIC favorise des actions coordonnées de la part des agriculteurs, des chercheurs, du secteur privé, de la société civile et des décideurs pour des stratégies résilientes aux changements climatiques à travers quatre grands domaines d’action, à savoir : 1) l’établissement des preuves ; 2) l’amélioration de l’efficacité des institutions locales ; 3) la promotion de la cohérence entre le climat et les politiques agricoles ; et 4) l’établissement de lien entre le climat et le financement agricole. L’AIC diffère des approches classiques en ce sens qu’elle met l’accent sur la capacité à mettre en œuvre des solutions souples et spécifiques au contexte qui s’appuient sur des politiques et des financements novateurs.
Streck C, Campbell BM, Mann W, Meléndez-Ortiz R, Tennigkeit T, Vermeulen SJ, Bellmann C, Meijer E, Wilkes A. 2011. Addressing agriculture in climate change negotiations: a scoping report. Dillon, CO: Meridian Institute.Prise en compte de l’agriculture dans les négociations sur les changements climatiques: rapport d’orientation.
http://www.merid.org/climatechangeagriculture/Scoping_Report.aspx
Le rapport vise à planter le décor et procéder à une analyse pour la prise en compte de l’agriculture dans les négociations internationales sur le climat, dans le but d’aider à éclairer la lanterne des négociateurs sur le climat et des autres parties prenantes en identifiant les options et en mettant sur la table les questions dignes d’intérêt ; et non d’exprimer des opinions ou d’être normatif en aucune façon. Le rapport portera sur la production agricole et la sécurité alimentaire ; les actions rapide sur les opportunités; le commerce, le financement ; le transfert de technologies et le renforcement des capacités ; ainsi que la performance et la mesure des avantages.
CCAFS Big Facts website
Études de cas
References
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FAO. 2013a. Climate-Smart Agriculture: Sourcebook. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.
http://www.fao.org/3/a-i3325e.pdf D’ici à 2050, la population mondiale augmentera d’un tiers. La plupart de ces 2 milliards de personnes supplémentaires vivront dans des pays en développement. Dans le même temps, davantage de personnes vivront en ville. Selon les estimations de la FAO, si les tendances actuelles de la croissance du revenu et de la consommation se poursuivent, il faudra augmenter la production agricole de 60 % d’ici à 2050 pour satisfaire les besoins alimentaires tant humains qu’animaux escomptés. Par conséquent, l’agriculture doit se transformer afin de parvenir à nourrir une population mondiale croissante et servir de base à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Les changements climatiques rendront cette tâche plus difficile dans le cadre du scénario du statu quo, en raison de leurs effets néfastes sur l’agriculture, ce qui nécessitera une spirale d’adaptation et de coûts connexes. -
8
McKinley, J., C. Adaro, V.O. Pede, T. Setiyono, T.C. Thang, D.L. Huong, N.T. Kien, E. Quicho, M. Sheinkman, and R. Wassman. 2015. The Current State of Climate Change Perceptions and Policies in Vietnam: 2014 Report, CCAFS Report.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/64182/retrieve Ce rapport a été conçu pour évaluer les perceptions et les politiques en vigueur au Vietnam concernant les changements climatiques. Il comprend un rapport pays qui décrit les politiques en vigueur concernant les changements climatiques, la cartographie des parties prenantes eu égard aux changements climatiques aux niveaux local et national, ainsi que les résultats de deux enquêtes sur les perceptions des acteurs menées aux niveaux local et national au Vietnam. Au total, 50 intervenants ont été interrogés, dont 25 au niveau local et 25 au niveau national. Les parties prenantes à l’enquête représentaient des services gouvernementaux, les universités, les instituts de recherche, les ONG et les groupes d’agriculteurs. Parmi les préoccupations exprimées concernant les impacts des changements climatiques figuraient la sécheresse, les inondations, la variation des précipitations et la marée saline. Ces préoccupations, ainsi que les méthodes par lesquelles les parties prenantes auraient souhaité recevoir les informations climatiques, variaient entre les parties prenantes locales et nationales, ainsi que selon le type d’institution représentée par l’intervenant. Ceci souligne la nécessité d’adapter les réponses aux changements climatiques au lieu et aux utilisateurs. -
9
Jordan A, Turnpenny J, (Eds.). 2015. The Tools of Policy Formulation: Actors, Capacities, Venues and Effects. Cheltenham, United Kingdom: Edward Elgar Publishing.
http://www.elgaronline.com/view/9781783477036.xml Les analystes politiques ont l’habitude de penser en termes d’outils et d’instruments. Cependant, il manque un examen faisant autorité des outils qui ont été élaborés en vue de la formulation de nouvelles politiques. Ce livre est le premier du genre à distinguer les caractéristiques déterminantes des principaux outils d’élaboration de politiques et offre une nouvelle manière de comprendre comment, pourquoi et par qui ils sont choisis, ainsi que les résultats qu’ils produisent dans la pratique. -
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Sova CA, Vervoort J, Thornton TF, Helfgott A, Matthews D, Chaudhury A. 2015b. Exploring farmer preference shaping in international agricultural climate change adaptation regimes. Environmental Science & Policy 54:463-474.
http://dx.doi.org/10.1016/j.envsci.2015.08.008 Des problèmes d’équité, de justice et d’impartialité dans le régime international d’adaptation agricole sont apparus ces dernières années, suscitant un intérêt pour la dynamique du pouvoir au sein du régime. Ici, un cadre conceptuel tridimensionnel du « pouvoir en tant que domination » est appliqué au régime d’adaptation de la CCNUCC. Nous soutenons que cette conception de « pouvoir sur » est un angle important sous lequel il convient de regarder l’adaptation, un domaine dominé par le « pouvoir de », des concepts axés sur la capacité. Le cadre établit une distinction entre le « pouvoir sur » qui se manifeste par la prise de décision, l’établissement d’un ordre du jour et le façonnage des préférences. Par le biais d’une revue bibliographique, nous démontrons que les conceptions comportementales des première et deuxième dimensions du pouvoir ne tiennent pas compte des manières subtiles dont les intérêts et préférences des petits exploitants agricoles sont inconsciemment façonnés et limités au sein du régime. Les sources potentielles de pouvoir de façonnage des préférences de la troisième dimension sont explorées dans le cadre d’une enquête menée auprès de décideurs de haut niveau qui participent à l’élaboration des plans nationaux d’adaptation (PNA) dans sept pays. Les résultats indiquent que plusieurs caractéristiques interdépendantes du régime international d’adaptation de l’agriculture contribuent ensemble au façonnage des intérêts et des préférences des petits exploitants agricoles : les discours dominants sur l’incertitude et la perception de la capacité limitée des petits exploitants agricoles ; le statut privilégié des décideurs « experts » qui en découle ; la prédominance des rationalités du développement néolibéral ; et les préjugés systémiques découlant de l’état nation en tant qu’unité principale de la négociation de la CCNUCC. Ces forces se situent au-delà de la portée explicative des première et deuxième dimensions du « pouvoir sur » et permettent d’expliquer pourquoi la participation des parties prenantes à la prise des décisions d’adaptation demeure superficielle et pourquoi les réponses d’adaptation dans le secteur agricole peuvent être considérées comme « communes et non différenciées ». Nous plaidons en faveur d’une meilleure sensibilisation aux manifestations de la troisième dimension et aux impacts du pouvoir dans la littérature sur l’adaptation afin de favoriser une plus grande participation des parties prenantes marginalisées aux fora de la CCNUCC et aux fora nationaux de prise de décision sur l’adaptation afin d’accroître la diversité des options d’adaptation disponibles pour les petits exploitants agricoles et, en définitive, d’améliorer l’attribution des responsabilités pour les résultats en termes d’adaptation. -
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Vermeulen SJ, Challinor AJ, Thornton PK, Campbell BM, Eriyagama N, Vervoort J, Kinyangi J, Jarvis A, Läderach P, Ramirez-Villegas J, Nicklin KJ, Hawkins E, Smith D. 2013. Addressing uncertainty in adaptation planning for agriculture. PNAS 110:8357-8362.
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.1219441110 Nous présentons un cadre d’hiérarchisation des approches d’adaptation dans un éventail de délais. Le cadre est illustré par quatre études de cas portant sur des pays en développement – chacune avec une caractérisation des incertitudes connexes. Deux cas relatifs à la planification de l’adaptation à court terme au Sri Lanka et à des exercices sur des scénarios de parties prenantes en Afrique de l’Est montrent comment l’utilité relative des approches de la capacité, par opposition aux approches de l’impact sur la planification de l’adaptation, varie en fonction du niveau d’incertitude et des délais impartis. Deux autres cas démontrent qu’il est possible d’identifier les incertitudes qui sont pertinentes pour la prise de décision dans des délais et des circonstances précis. Le cas concernant le café en Amérique latine identifie les seuils altitudinaux à partir desquels les stratégies d’adaptation progressives, par opposition aux stratégies transformatrices, constituent des options solides. Le dernier cas utilise trois études de simulation du rapport cultures-climat pour démontrer comment l’incertitude peut être caractérisée sur différents horizons temporels pour déterminer les cas où des options d’adaptation solides sont possibles. Nous constatons que les approches d’impacts, qui utilisent des modèles prédictifs, sont de plus en plus utiles dans des délais plus longs et là où il existe des niveaux plus élevés d’émissions de gaz à effet de serre. Nous constatons également que les phénomènes extrêmes sont importants pour déterminer la prévisibilité dans un large éventail d’échelles temporelles. Les résultats démontrent le potentiel de connaissances et d’actions solides face à l’incertitude.
Mécanismes institutionnels
Introduction
Les institutions revêtent une importance capitale pour le développement agricole et les moyens d’existence résilients. Elles constituent non seulement une force d’organisation pour les agriculteurs et les décideurs, mais également les principaux moyens par lesquels les pratiques agricoles intelligentes face au climat peuvent être mises à échelle et maintenues (FAO 2013a). 7 Ainsi, des mécanismes institutionnels appropriés sont essentiels pour la mise en œuvre de presque tous les autres points d’entrée abordés sur ce site.
Contribution à l’AIC
Il existe plusieurs manières possibles de comprendre l’appui institutionnel à l’agriculture intelligente face au climat (AIC). Les approches de gestion des ressources naturelles et des propriétés communes mettent l’accent souvent sur des institutions informelles définies comme des pratiques, des règles et des normes locales. Les institutions informelles comprennent les normes morales, les règles et les règlements utilisés tant au sein des organisations et communautés qu’entre celles-ci (Ostrom et al. 2001). 12 Elles sont souvent prises en compte dans les approches communautaires relatives à l’action et la prise de décision collectives, ainsi qu’à l’accès, aux droits et au contrôle des ressources. Toutefois, les institutions locales sont importantes dans la quasi-totalité des contextes de développement agricole, dans la mesure où elles déterminent qui peut participer, comment et dans quelle mesure. Par exemple, les pratiques et normes culturelles peuvent dicter l’accès des femmes à l’information et à l’innovation essentielles à la mise en œuvre des pratiques et technologies (Meinzen-Dick R 2013). 13
Bien que ceci soit important, ici, l’accent sera mis sur les institutions en tant qu’organisations à trois différents niveaux, à savoir : i) le renforcement des cadres institutionnels locaux ; ii) le renforcement du rôle clé des institutions de niveau méso ; et iii) le renforcement des capacités institutionnelles nationales pour la mise en œuvre des décisions stratégiques. Les institutions régionales ou supranationales à différentes échelles constituent d’autres institutions formelles importantes. Au nombre des autres acteurs non traditionnels figurent les acteurs du marché et du secteur privé, notamment les compagnies d’assurance et les entreprises de conseils agricoles, les groupes de défense des droits, les organisations confessionnelles, etc. Le point où ces acteurs interagissent et influent sur l’adoption de l’AIC constitue un cadre institutionnel supplémentaire en soi, mais n’est pas traité ici.
1. Renforcement des cadres institutionnels locaux : le soutien à l’adaptation aux changements climatiques et à l’atténuation de leurs effets parmi les petits agriculteurs fonctionne rarement lorsqu’il est orienté de l’extérieur ou uniquement axé sur le transfert direct des technologies. Les cadres institutionnels locaux pour l’adoption de pratiques agricoles intelligentes face au climat aux niveaux des districts et des communautés doivent être facilitants et non directifs. En d’autres termes, il y a lieu de promouvoir les cadres institutionnels qui appuient l’adoption et l’adaptation induites par les agriculteurs (Agrawal et al. 2009). 14 L’appui à ces cadres peut nécessiter la création de nouvelles institutions. Mais, souvent la tâche comprend l’établissement de liens entre les institutions existantes pour assurer l’adoption.
2. Renforcement du rôle clé des institutions de niveau méso : les institutions de niveau méso, notamment les administrations locales et les démembrements de ces administrations, sont essentielles pour générer et canaliser le soutien des institutions nationales en faveur des communautés en vue de l’adaptation aux changements climatiques et de l’atténuation de leurs effets. Toutefois, elles disposent souvent de pouvoirs et de capacités de planification limités, qui tendent, par ailleurs, à être centralisés. En outre, elles ont un accès limité au financement, qui est souvent monopolisé par les institutions de niveau national ou freiné par des obstacles administratifs (Christoplos et al. 2014). 15 Par conséquent, un point d’entrée institutionnel d’importance primordiale, mais souvent négligé, pour le soutien à l’adaptation de l’agriculture/atténuation consiste à renforcer le mandat des administrations locales, de leurs organismes et d’autres institutions de niveau méso et d’améliorer leur accès au financement.
3. Renforcement des capacités institutionnelles nationales : les efforts visant à soutenir l’AIC se heurtent à une absence de bonnes institutions, de capacités institutionnelles et de coordination aux niveaux supérieurs. Les agriculteurs ont besoin d’incitations et de conditions propices pour opérer les transformations sur le terrain, ce qui doit être facilité par des institutions et des politiques. Les institutions étatiques sont particulièrement importantes pour la production et la diffusion d’informations relatives aux options technologiques et aux méthodes de gestion, à la variabilité du climat et à la situation de la chaîne de valeur. En outre, les institutions nationales sont essentielles pour mettre en place des filets de sécurité et des régimes d’assurance pour les agriculteurs. Au nombre des options disponibles pour l’amélioration de l’efficacité des institutions figurent le renforcement des connaissances et des capacités humaines, le renforcement des procédures institutionnelles, l’intégration des changements climatiques et de l’AIC dans les plans et politiques stratégiques (par exemple les MAAN, les PANA, les INDC, les plans nationaux d’AIC, les stratégies agricoles, etc.), le renforcement de la collaboration institutionnelle et sectorielle tant horizontalement que verticalement, et l’analyse des options de déconcentration et de décentralisation (Anyonge et al. 2013). 16
Ressources clés
Anyonge T, Jonckheere S, Romano M, Gallina A. 2013. Strengthening Institutions and Organizations. Synthesis Report. Rome, Italy: International Fund for Agricultural Development.Renforcement des institutions et des organisations. Rapport de synthèse.
http://www.ifad.org/english/institutions/synthesis/synthesis_report_web.pdf
Cette ressource présente un cadre d’analyse et de développement institutionnels et organisationnels, en s’appuyant sur quatre principaux concepts : « 1) comprendre et donner un sens à notre vie ; 2) le contrôle du comportement individuel et de la culture organisationnelle ; 3) les mesure qui sont prises ; et 4) les associations faites entre les individus et les organisations. En appliquant ces concepts sur le terrain dans le cadre de 19 projets financés par le FIDA qui appuient les institutions et organisations du niveau national au niveau local dans 14 pays, les auteurs sont parvenus à plusieurs principales conclusions qui peuvent être utiles à des fins d’application dans d’autres mécanismes institutionnels et organisationnels. Dans le cadre d’une analyse des études de terrain, une série de questions ont été soulevées pendant la phase de conception, pendant l’exécution et pendant le renforcement des capacités individuelles. Ces questions sont expliquées en profondeur dans le texte. La principale conclusion tirée de l’analyse tient à l’importance d’une approche par étape parfaitement éclairée, qui soit en même temps suffisamment souple pour permettre l’apprentissage et l’adaptation en fonction de l’évolution de la situation. En outre, la facilitation des liens institutionnels verticaux et horizontaux revêt une importance primordiale pour assurer la fluidité de l’information et des ressources, ainsi qu’une meilleure prise de décision.
Dixit A, McGray H, Gonzales J, Desmond M. 2012. Ready or Not: Assessing National Institutional Capacity for Climate Change Adaptation. World Resources Institute.Prêts ou pas : évaluation des capacités institutionnelles nationales en matière d’adaptation aux changements climatiques.
http://www.wri.org/publication/ready-or-not
Cette ressource clé se penche sur le rôle essentiel que jouent des institutions nationales efficaces dans le renforcement de la capacité d’adaptation aux défis fluctuants liés aux changements climatiques. Pour cette raison, il est essentiel d’utiliser des méthodes et des lignes directrices pour mettre en place des institutions nationales capables de faciliter la planification permanente de l’adaptation. Le cadre de la Capacité d’adaptation nationale (CAN) présenté dans le présent document constitue une approche pratique pour comprendre les aspects institutionnels les plus importants en jeu, en identifiant les lacunes existantes qui peuvent être comblées par des mesures et des investissements concrets. Cinq principales fonctions d’adaptation sont présentées par le cadre de la CAN, à savoir : l’évaluation, la hiérarchisation, la coordination, la gestion de l’information et la gestion des risques climatiques. La performance d’un pays donné au titre de ces indicateurs donne une idée de sa capacité d’adaptation cumulée. Le cadre de la CAN peut être utilisé dans tout un éventail de pays et ajusté en fonction du contexte spécifique du pays. Par ailleurs, les résultats peuvent être adaptés pour les processus tant de planification que d’évaluation.
FAO. 2013. Climate-Smart Agriculture Sourcebook. Module 12: Local institutions. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations. Pp. 321-345.Guide de références à l’agriculture intelligente face au climat. Module 12 : institutions locales.
http://www.fao.org/3/a-i3325e.pdf
Le module démontre l’importance des institutions locales pour les projets d’AIC, décrit les priorités, besoins, similitudes et différences entre les principales institutions, et traite des considérations qu’il convient de garder à l’esprit pendant la création de synergies interinstitutionnelles pour les initiatives d’AIC. Enfin, il propose des directives pratiques de base pour aider les praticiens et les décideurs à renforcer l’appui institutionnel à l’AIC.
Meinzen-Dick R, Bernier Q, Haglund E. 2013. Identifying the Institutions for Climate Smart Agriculture. Conference Paper - Commoners and the Changing Commons: Livelihoods, Environmental Security, and Shared Knowledge, the Fourteenth Biennial Conference of the International Association for the Study of the Commons. Mt. Fuji, Japan.Identifier les institutions pour une agriculture intelligente face au climat.
http://dlc.dlib.indiana.edu/dlc/bitstream/handle/10535/8906/HAGLUND_0975.pdf?sequence=1&isAllowed=y
Ce document se penche sur le rôle essentiel que jouent les institutions en faveur de l’agriculture intelligente face au climat, en mettant l’accent sur leur rôle dans la promotion de l’inclusion, la fourniture d’informations, la facilitation de l’innovation au niveau local, l’encouragement des investissements et l’assurance des petits agriculteurs, des femmes et des communautés pauvres tributaires des ressources afin de leur permettre d’adopter l’AIC et d’en tirer parti. Il traite également du rôle de l’Etat, de l’action collective et des institutions du marché à plusieurs niveaux, en accordant une attention particulière à l’importance des institutions locales et des liens institutionnels entre les différents niveaux.
Études de cas
References
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12
Ostrom E, Gibson C, Shivakumar S, Andersson K. 2001. Aid, Incentives, and Sustainability: An Institutional Analysis of Development Cooperation. Sida Studies in Evaluation 02/01. Stockholm, Sweden: SIDA.
http://www.oecd.org/derec/sweden/37356956.pdf Le premier objectif consistait à faire « l’état des connaissances actuelles relatives aux incitations et à l’aide » (Sida, 1999g: 1). Nous avons inclus dans notre avant-projet de rapport présenté le 15 août 2000 une revue bibliographique spécifique (Chapitre 2) et mis à profit notre vaste examen de la littérature tout au long du projet de rapport. En réponse aux commentaires reçus au sujet de notre rapport initial, nous avons intégré notre compréhension de « l’état des connaissances actuelles relatives aux incitations et à l’aide » dans les 1re et 2e parties du présent rapport principal, plutôt que de l’isoler dans un chapitre distinct. Le deuxième objectif de l’étude consistait à identifier les domaines, en ce qui concerne la relation entre l’aide, les incitations et la durabilité, qui sont pertinents pour l’Asdi de manière à « accroître ses connaissances afin d’améliorer l’organisation et la gestion de son aide » (Sida, 1999g: 1). Tout au long de ce rapport, nous identifions les relations multiples entre l’aide, les incitations et la durabilité qui sont pertinentes pour l’Asdi. Dans notre dernier chapitre, nous formulons également des suggestions spécifiques concernant les approches que l’Asdi peut adopter pour accroître ses connaissances et améliorer l’organisation de ses activités d’aide. Le troisième objectif de l’étude consistait à proposer une approche en ce qui concerne la manière d’évaluer la relation entre l’aide, les incitations et la durabilité. -
13
Meinzen-Dick R, Bernier Q, Haglund E. 2013. Identifying the Institutions for Climate-Smart Agriculture. Conference Paper. The Fourteenth Biennial Conference of the International Association for the Study of the Commons. Mt. Fuji, Japan.
http://dlc.dlib.indiana.edu/dlc/bitstream/handle/10535/8906/HAGLUND_0975.pdf Ce document traite du rôle primordial des institutions en matière d’agriculture intelligente face au climat en mettant l’accent sur leur rôle dans la promotion de l’inclusivité, l’information, la facilitation de l’innovation au niveau local, l’encouragement des investissements et l’assurance en vue de permettre aux petits exploitants agricoles, aux femmes et aux communautés pauvres tributaires des ressources d’adopter l’AIC et d’en tirer parti. Nous examinons le rôle de l’État, l’action collective et les institutions du marché à plusieurs niveaux, en accordant une attention particulière à l’importance des institutions locales et des liens institutionnels entre les différents niveaux. -
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Agrawal A, Kononen M, Perrin N. 2009. The role of local institutions in adaptation to climate change. World Bank Social Development Working Paper No. 118. Washington, DC: World Bank Group.
http://siteresources.worldbank.org/EXTSOCIALDEVELOPMENT/Resources/244362-1164107274725/sdp118.pdf Cet article examine les liens entre les vulnérabilités climatiques, les pratiques d’adaptation, les institutions et les interventions extérieures pour montrer le rôle et l’importance des institutions locales dans les changements climatiques. Tandis que l’adaptation aux changements climatiques fait l’objet d’une attention croissante, l’accent n’est pas suffisamment mis sur le caractère local de cette adaptation ni sur le rôle des institutions locales et de la gouvernance locale dans l’élaboration des pratiques d’adaptation. Cet article présente deux projets de recherche sur l’adaptation, ainsi que les institutions de la Banque mondiale qui ont vocation à mettre en lumière les lacunes existantes dans le savoir théorique et pratique concernant l’adaptation. La première étude, qui met l’accent sur les liens entre les stratégies d’adaptation et les institutions, indique le rôle primordial que jouent les institutions dans la détermination de la nature et des résultats des stratégies d’adaptation dans un contexte de développement territorial et tentera de démontrer comment les approches décentralisées et localisées relatives au développement local pourraient être utilisées pour renforcer la capacité d’adaptation et la résilience locales aux risques liés aux changements climatiques. La deuxième étude porte sur une évaluation des coûts et avantages relatifs des différentes réponses d’adaptation liées à un sous-ensemble de risques climatiques (en particulier la sécheresse et les précipitations irrégulières), ainsi que le rôle des institutions dans la réduction des coûts de l’adaptation. Ces études auront pour but de démontrer que les institutions locales jouent un rôle capital dans l’élaboration des stratégies d’adaptation aux changements climatiques en : 1) établissant des liens entre les ménages, d’une part, et les ressources locales et l’action collective ; 2) établissant des liens entre les populations locales et les interventions nationales ; et 3) déterminant les flux d’aide extérieure à différents groupes sociaux. -
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Christoplos I, Aben C, Bashaasha B, (…), Hoa Sen LT. 2014. Towards “Good Enough” Climate and Disaster Governance: Emerging lessons from Zambia, Nepal, Viet Nam and Uganda. DIIS Report 2014:21. Copenhagen, Denmark: DIIS.
http://pure.diis.dk/ws/files/77558/DIIS_Report_Towards_good_enough_climate_FINAL.pdf Ce rapport compare la manière dont la gestion des risques de catastrophe est conceptualisée par rapport aux nouveaux efforts d’adaptation aux changements climatiques et la manière dont ces deux programmes sont influencés par différents systèmes de gouvernance, responsabilités et contrats sociaux en Zambie, en Ouganda, au Vietnam et au Népal. Une attention particulière est accordée à la manière dont ceci se rapporte à différentes formes de légitimité de l’État et au rôle évolutif des autorités locales en lien avec une gamme de processus de décentralisation, l’attention politique croissante et l’attraction du financement nouveau mais peu compris de la lutte contre les changements climatiques. Les constatations mettent en évidence la manière dont les inquiétudes liées aux risques de catastrophe influent sur la perception et la mise en œuvre des formes nouvelles et incertaines de gestion combinée des catastrophes et du climat. L’attention croissante des médias est également considérée comme un facteur clé de la détermination des aspects de la gestion des risques de catastrophe qui gagnent en importance, mais qui sont ignorés dans les demandes du public et les réponses des politiciens et des autorités locales. -
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Anyonge T, Jonckheere S, Romano M, Gallina A. 2013. Strengthening Institutions and Organizations. Synthesis Report. Rome, Italy: International Fund for Agricultural Development.
http://www.ifad.org/english/institutions/synthesis/synthesis_report_web.pdf Conscient de la nécessité d’améliorer son analyse et le développement des institutions et organisations partenaires au niveau national, le FIDA s’est engagé dans un processus de renforcement de ses propres compétences dans ce secteur. Ce processus a commencé par la publication d’un recueil de références intitulé « Institutional and Organizational Analysis for Pro-Poor Change: Meeting IFAD’s Millennium Challenge (IFAD 2008) ». La Division Afrique de l’Ouest et du Centre du FIDA a également élaboré des modules de formation dans le cadre de l’Initiative d’intégration de l’innovation, tandis que la Division Asie et Pacifique a mis en œuvre l’importante initiative de subvention portant sur le thème « Renforcement des capacités des organisations de pauvres : Expériences en Asie. La Division des politiques et des conseils techniques (PTA) a élaboré deux notes d’apprentissage, dont l’une concerne la transformation institutionnelle et l’autre le mécanisme de mise en œuvre. À la lumière des documents susmentionnés, l’équipe des institutions et organisations de la PTA du FIDA a adopté un cadre pour l’analyse et le développement institutionnels et organisationnels. Le cadre repose sur quatre concepts clés identifiés dans le recueil de références, qui couvrent quatre aspects fonctionnels de l’analyse et du développement institutionnels et organisationnels, à savoir : 1) le fait de comprendre et donner un sens à nos vies ; 2) le contrôle sur le comportement individuel et la culture organisationnelle ; 3) les mesures qui sont prises ; et 4) les associations entre individus et organisations. Ces concepts ont été appliqués à différentes étapes du cycle de projet du FIDA dans 14 pays couvrant 19 projets.
Genre et inclusion sociale
Introduction
Les solutions adaptées au contexte local sont au cœur des approches efficaces de l’agriculture intelligente face au climat (AIC) (Vermeulen 2015a). 17 Toutefois, identifier ce qui est « adapté au contexte local » signifie comprendre les besoins, priorités et difficultés de différents acteurs. Les relations homme-femme, les normes locales et la dynamique du pouvoir entre les différentes couches sociales peuvent amener les femmes et les hommes à avoir des connaissances, des compétences et des perspectives différentes. En outre, ils peuvent avoir des opportunités et faire face à des contraintes différentes qui peuvent les aider à adopter l’AIC ou les empêcher de le faire. L’engagement des parties prenantes peut aider à identifier les disparités homme-femme et les inégalités sociales et économiques à prendre en compte pendant l’exécution du projet.
Dans de nombreuses régions du monde, les femmes sont confrontées à un accès inéquitable aux ressources et à l’information, aux processus décisionnels et au partage des bénéfices. Ce problème est d’autant plus sérieux que les hommes désertent de plus en plus les zones rurales ; d’où la nécessité d’aplanir ces inégalités afin de veiller à ce que les approches de l’AIC contribuent à la résilience des ménages et communautés agricoles. Si les pratiques de l’AIC sont appliquées sans tenir compte des disparités homme-femme et des inégalités sociales, elles risquent de perdre des occasions d’améliorer les moyens d’existence et peuvent, en fait, exacerber ces inégalités. Par conséquent, la conception et la mise en œuvre des initiatives d’AIC sensibles au genre et socialement inclusives doivent prendre en considération les différents niveaux de connaissances, points de vue, besoins et difficultés des différents groupes sociaux et parties prenantes.
Contribution à l’AIC
- Les femmes apportent une contribution active et importante à l’adaptation aux changements climatiques en fonction de leurs connaissances locales, compétences et capital social ; la vision selon laquelle elles sont des victimes passives des changements climatiques est réductrice et simpliste (Agriculture Global Practice 2015). 18
- Si les femmes avaient accès aux ressources, les rendements agricoles pourraient augmenter de 20 à 30 %, ce qui réduirait de 12 à 17 % le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde (FAO 2011). 19
- Les travaux de recherche sur l’adoption des techniques agricoles par les femmes, y compris les techniques de l’AIC, montrent que, pour peu que les contraintes liées à l’accès au financement, à l’information et à la charge de travail soient levées, les femmes peuvent concevoir et adopter des outils et techniques novateurs (Huyer et al. 2015). 20
La résolution des questions de genre et l’adoption de l’AIC par les partie prenantes doivent se faire à plusieurs niveaux comme suit.
- Au niveau des politiques : les politiques sensibles au genre et socialement inclusives liées à l’AIC reconnaissent et répondent aux besoins et réalités spécifiques des femmes et des hommes de différentes origines. Certaines voix ne sont pas prises en compte (écoutées ou entendues) dans les processus de prise de décision et d’élaboration de politiques dans le secteur agricole, notamment celles des femmes et des jeunes, ainsi que des petits exploitants, d’une manière générale (Huyer et al 2015). 20
- Au niveau communautaire : les initiatives communautaires sur l’AIC bénéficient des idées et points de vue de différentes parties prenantes au sein de la communauté. Les approches participatives encouragent un engagement communautaire ferme et renforcent l’adoption des pratiques de l’AIC. Des efforts communautaires sensibles au genre et socialement inclusifs offrent aux communautés davantage de possibilités de renforcer leur résilience et de jouir des avantages qui en découlent. Toutefois, il y a lieu de veiller à ne pas conceptualiser les femmes comme un groupe vulnérable de manière homogène dans ces programmes d’AIC (Jost et al. 2015). 21
- Au niveau/au sein du ménage : les ménages ne sont pas des modèles unitaires ; ils sont plutôt une collection de personnes différentes façonnées par leurs relations et rôles au sein du ménage, de la communauté, des institutions et au-delà. Des outils participatifs sensibles au genre tels que ceux décrits par Jost et al. (2014) 22 sont utiles pour l’identification des différents connaissances, besoins et contraintes qui existent au sein des ménages, ce qui peut ensuite éclairer les efforts liés à l’AIC.
Ressources clés
Asfaw S, Bishop-Sambrook C, Diei Y, Firmian I, Henninger NE, Heumesser C, Huyer S, Kristjanson P, Lefter C, Lehel S, Li Y, Maggio G, Massimino A, Mollard IMP, Monsieur C, Mutoko MC, Navarro E, Nelson S, Percic M, Randrianantoandro A, Rioux J, Rossi N, Enciso A, Setaro L, Taivalmaa SL, Thulstrup A, Williams LD. 2015. Gender in climate-smart agriculture: module 18 for gender in agriculture sourcebook. Agriculture global practice. Washington, DC: World Bank Group.Le genre dans l’agriculture intelligente face au climat : module 18 pour le genre dans le Guide de références dans l’agriculture. Pratique de l’agriculture dans le monde.
Ce module donne des orientations et présente une série complète d’outils pratiques pour l’intégration du genre dans la planification, la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des projets et investissements liés à l’agriculture intelligente face au climat (AIC). Il souligne l’importance de l’intégration du genre dans les pratiques de l’AIC et présente son objectif ultime, à savoir réduire les inégalités entre les sexes et veiller à ce que les hommes et les femmes puissent tirer parti de manière égale de toute intervention dans le secteur agricole afin de réduire les risques liés aux changements climatiques. Le contenu du module, qui est tiré de bonnes pratiques et d’approches novatrices éprouvées, met l’accent sur les leçons apprises, les avantages et les impacts, les problèmes liés à la mise en œuvre, et la reproductibilité. Ces observations et leçons relatives au genre dans l’AIC aideront les praticiens à améliorer la planification, la conception, le suivi et l’évaluation des projets ; à mettre à échelle de manière efficace et améliorer la durabilité des efforts qui sont déjà en cours ; ou à mettre en œuvre des solutions totalement différentes. Ce module contient cinq notes thématiques (NT) qui donnent des orientations concises et techniquement judicieuses pour l’intégration du genre dans les thèmes retenus. Ces notes résument ce qui a été fait et mettent en exergue la réussite et les leçons tirées des projets et programmes.
FAO. 2012. Training guide: gender and climate change research in agriculture and food security for rural development. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO).Guide de formation : recherche sur le genre et les changements climatiques dans l’agriculture et la sécurité alimentaire pour le développement rural.
http://www.fao.org/docrep/018/i3385e/i3385e.pdf
Il est internationalement reconnu que la prise en compte des questions de genre dans l’agriculture réduit la faim et la pauvreté. En fait, on estime que plus de 100 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté si les femmes avaient les mêmes niveaux d’accès aux ressources et de contrôle sur celles-ci que les hommes. Bien qu’elles soient d’importantes productrices et fournisseuses de denrées alimentaires, les femmes ont, à l’heure actuelle, un accès insuffisant aux ressources et un contrôle limité sur celles-ci. Cependant, à ce jour, ces idées – selon lesquelles les changements climatiques et les questions de genre font partie intégrante du développement agricole – n’ont pas encore été traduites dans les faits de manière efficace. Ce guide vise à combler cette lacune en appuyant les travaux visant à étudier les dimensions genre de la réponse aux changements climatiques dans les secteurs de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. L’objectif ultime consiste à améliorer la production alimentaire, la sécurité des moyens d’existence et l’égalité des sexes dans le contexte des changements climatiques. Le guide donne un aperçu du cadre conceptuel des questions de genre et des approches d’analyse de genre, et place ces cadres et approches dans le contexte des changements climatiques. Ensuite, il présente une boîte à outils détaillée de recherche sur le terrain et fournit, en particulier, des informations nécessaires sur la manière de se préparer pour le travail de terrain, d’assurer la mise en œuvre et de faire rapport.
Beuchelt TD, Badstue L. 2013. Gender, Nutrition, and Climate-smart Food Production: Opportunities and Trade-offs. Food Security 5: 709–21.Genre, nutrition et production alimentaire intelligente face au climat : opportunités et compromis.
http://dx.doi.org/10.1007/s12571-013-0290-8
La sécurité alimentaire et nutritionnelle future est menacée par les changements climatiques, la surexploitation des ressources naturelles et les inégalités sociales omniprésentes. Les solutions prometteuses sont souvent d’ordre technologique et ne sont pas nécessairement développées, en raison des disparités homme-femme et sociales. Ce document traite des questions de genre et des opportunités de développement humain, ainsi que des compromis liés à la promotion des techniques améliorées pour le développement agricole. Nous avons examiné ces aspects pour l’agriculture de conservation (AC) dans le cadre d’un système de culture recélant un potentiel de nutrition et d’agriculture intelligente face au climat. Le document repose sur une revue de la littérature et des expériences de terrain de la Zambie et du Mexique. Les conclusions font état de situations où la promotion de l’AC pour les petits exploitants dans les pays en développement peut avoir des effets indésirables du point de vue du genre et du développement humain, en particulier en ce qui concerne les corvées, la sécurité nutritionnelle et alimentaire, l’utilisation des résidus, le patrimoine, la mécanisation et la vulgarisation. L’orientation et l’ampleur des compromis potentiels dépendent du contexte local et de l’intervention spécifique. L’analyse est suivie d’une discussion sur les possibilités et les stratégies de réduction des compromis, y compris des approches transformatrices prenant en compte à la fois les femmes et les hommes ; la collaboration avec des partenaires de rechange ou non classiques ayant des points de vue et des forces différents mais complémentaires ; des combinaisons « intelligentes » de technologies et d’approches ; et des politiques de développement inclusif.
CCAFS Big Facts website
Études de cas
References
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Vermeulen SJ. 2015a. Closing the gap in climate-smart agriculture: A brief review of recent approaches relevant to CSA programs. CCAFS Info Note. Copenhagen, Denmark: CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/58883/retrieve « L’agriculture intelligente face au climat » (AIC) est devenue un concept essentiel qui façonne l’action et rassemble des groupes d’intérêt au plan mondial sur l’agriculture et les changements climatiques. Par essence, l’AIC accorde une attention particulière à la manière dont les interventions dans l’agriculture et les systèmes alimentaires affectent chacun des trois principaux résultats : sécurité alimentaire, adaptation et atténuation (FAO 2013). La philosophie de l’agriculture intelligente face au climat n’est pas normative quant à la meilleure manière d’obtenir ces résultats, ni comment gérer les compromis inévitables – l’idée est que des priorités et des solutions locales appropriées seront générées. Une question clé qui se pose est celle de savoir qui sont les gagnants et les perdants de ces processus, en ce qui concerne le genre et d’autres dimensions sociales, et si l’agriculture intelligente face au climat aide à transformer l’agriculture et le développement rural de manière à obtenir des gains importants en termes d’équité entre les sexes. -
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Agriculture Global Practice. 2015. Gender in climate-smart agriculture: Module 18 for gender in agriculture sourcebook. Agriculture global practice. Washington, DC: World Bank Group.
http://www.fao.org/3/a-az917e.pdf Ce module sur le Genre dans l’agriculture intelligente face au climat a été préparé conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et la Banque mondiale. L’équipe de coordination, composée de Sanna-Liisa Taivalmaa (Banque mondiale), Ilaria Firmian (FIDA) et Kaisa Karttunen (FAO), a bénéficié de l’appui technique de Christine Heumesser, Eija Pehu et Ademola Braimoh de la Banque mondiale ; Clare Bishop-Sambrook du FIDA ; et Ilaria Sisto et Szilvia Lehel de la FAO. Patti Kristjanson (consultante) a prodigué de précieux conseils concernant l’ensemble du module, et a rédigé deux Notes thématiques et un Profil d’activité novateur. -
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FAO. 2011. The State of Food and Agriculture 2010-2011. Rome, Italy: Food and Agriculture Organization of the United Nations.
http://www.fao.org/docrep/013/i2050e/i2050e.pdf Cette édition de « La situation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation » a pour thème « Les femmes dans l’agriculture : combler le fossé entre les sexes pour le développement ». Dans de nombreux pays en développement, le secteur agricole affiche une performance médiocre, l’une des principales raisons étant que les femmes n’ont pas un accès égal aux ressources et aux opportunités dont elles ont besoin pour être plus productives. Ce rapport confirme clairement que l’objectif du Millénaire pour le développement relatif à l’égalité des sexes (OMD 3) et celui concernant la pauvreté et la sécurité alimentaire (OMD 1) se renforcent mutuellement. Il y a lieu de promouvoir l’égalité entre les sexes et d’habiliter les femmes qui s’adonnent à l’agriculture à remporter de manière durable le combat contre la faim et l’extrême pauvreté. -
20
Huyer S, Twyman J, Koningstein M, Ashby J, Vermeulen SJ. 2015. Supporting women farmers in a changing climate: five policy lessons. Policy Brief 10. Copenhagen, Denamrk: Reseach Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS).
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/60479/retrieve Les récents travaux de recherche présentés au cours d’un séminaire organisé à Paris par le Programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du GCRAI, le Conseil international des sciences sociales (CISS) et Future Earth ont débouché sur les cinq recommandations clés suivantes visant à soutenir les femmes agriculteurs dans le contexte des changements climatiques : « les nouvelles technologies et pratiques en matière de changements climatiques seront adoptées avec plus de succès si elles correspondent aux intérêts, aux ressources et aux demandes des femmes » ; « les services de vulgarisation et d’information sur le climat doivent profiter tant aux femmes qu’aux hommes » ; « les institutions doivent tenir compte des priorités des femmes et renforcer leur capacité d’adaptation » ; « la capacité des femmes en tant qu’agricultrices et innovatrices doit être reconnue et soutenue » ; et « les processus des politiques climatiques doivent aller au-delà de la représentation numérique des femmes pour créer des mécanismes actifs leur permettant d’exprimer leurs opinions, de prendre des initiatives et d’influencer les décisions ». -
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Jost C, Kyazze FB, Naab J, (…), Kristjanson P. 2015. Understanding Gender Dimensions of Agriculture and Climate Change in Smallholder Farming Communities. Climate and Development.
http://dx.doi.org/10.1080/17565529.2015.1050978 En Ouganda, au Ghana et au Bangladesh, des outils participatifs ont été utilisés pour une analyse socioéconomique et sexospécifique de trois thèmes : l’agriculture intelligente face au climat (AIC), les approches analogiques du climat et les prévisions météorologiques et climatiques. Des résultats pertinents pour les politiques et de programmes ont été obtenus. Les petits exploitants agricoles modifient leurs pratiques suite à l’observation des changements climatiques et environnementaux. Les femmes semblent moins aptes à s’adapter en raison de contraintes financières ou de ressources, de la domination masculine dans la réception des services d’information et de vulgarisation, ainsi que de la tendance des stratégies d’adaptation disponibles à créer des charges de travail plus élevées pour les femmes. L’approche analogique du climat (qui identifie des endroits ressemblant à votre climat futur afin d’identifier des possibilités d’adaptation) est un outil prometteur pour améliorer l’apprentissage d’agriculteur à agriculteur, un niveau élevé de variabilité climatique signifiant que des villages analogues ayant adopté avec succès de nouvelles pratiques d’AIC existent dans les environs. Les questions d’ordre institutionnel liées à la production prévue limitent leurs crédibilité et pertinence, en particulier en ce qui concerne la capacité des femmes à y avoir accès et à les comprendre. Les outils participatifs utilisés dans cette étude ont permis de mieux comprendre la capacité d’adaptation des femmes dans les villages étudiés, mais pas jusqu’à la profondeur nécessaire pour faire face aux vulnérabilités spécifiques des femmes dans les programmes d’AIC. Davantage de recherche s’impose pour faire passer le discours sur le genre et les changements climatiques au-delà de la conceptualisation des femmes en tant que groupe homogène vulnérable dans les programmes d’AIC. -
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Jost C, Ferdous N, Spicer TD. 2014. Gender and Inclusion Toolbox: Participatory Research in Climate Change and Agriculture. Copenhagen, Denmark: CCAFS; CARE International; ICRAF.
https://cgspace.cgiar.org/rest/bitstreams/35607/retrieve Ce manuel est une ressource et une boîte à outils pour les praticiens des ONG et les concepteurs de programmes intéressés par le diagnostic et la recherche-action pour les programmes relatifs aux changements climatiques sensibles au genre et socialement inclusifs, dans le contexte du développement rural. Il s’agit d’un manuel qui se veut facile à utiliser, qui accroît la capacité de recherche, les compétences et les connaissances de ses utilisateurs. L’intégration des cadres de différenciation sexospécifique et sociale devrait commencer, en principe dès le début du cycle du programme et être coordonnée au fil des phases de recherche, de conception, de mise en œuvre et de suivi-évaluation. Les activités de ce programme reposent sur les données recueillies à l’aide de cette boîte à outils. Bien que le manuel mette l’accent sur les approches participatives et qualitatives, nombre des activités et outils peuvent générer des données quantitatives. Chaque chapitre présente un ensemble d’outils de recherche censés être utilisés de manière séquentielle. Nous savons, cependant, que chaque organisation a des besoins divers qui lui sont propres. Les chapitres sont sous forme de modules afin de permettre aux équipes de constituer leur propre boîte à outils de recherche selon leurs besoins.