Contexte
En Afrique subsaharienne (ASS), « le maïs, c’est la vie », compte tenu de son importance pour la sécurité alimentaire et le bien-être économique. Mais déjà, environ 40 % des zones de production de maïs en Afrique font face, de temps à autre, à des épisodes de sécheresse qui se traduisent par des pertes de rendement de l’ordre de 10 à 25 %. En outre, près de 25 % de la culture de maïs souffre d’épisodes fréquents de sécheresse, avec des pertes pouvant atteindre 50 % de la récolte. Afin de réduire la vulnérabilité et d’améliorer la sécurité alimentaire, le projet « Maïs résistant à la sécheresse pour l’Afrique » (DTMA) a homologué 160 variétés de maïs résistantes à la sécheresse entre 2007 et 2013. Ces variétés ont été testées tant en station qu’au champ paysan dans 13 pays africains à travers de systèmes nationaux de recherche agricole et de sociétés semencières privées. Les rendements des nouvelles variétés sont supérieurs à ceux des variétés de maïs commerciales disponibles à l’heure actuelle, tant dans des conditions de stress que dans des conditions optimales de culture. Par ailleurs, le CIMMYT s’apprête à lancer, en collaboration avec des partenaires au Zimbabwe, des essais sur des variétés de maïs résistantes à la sécheresse et à la chaleur (Sipalla and Cairns 2015). 1
Lien avec l’AIC
Compte tenu de l’ampleur de la culture du maïs en Afrique subsaharienne et de la mesure dans laquelle la sécheresse sévit dans cette région, les variétés de maïs résistantes à la sécheresse contribuent largement à l’adaptation à court terme par le biais de la gestion des risques climatiques. Dans de nombreuses parties de l’Afrique subsaharienne, les projections des changements climatiques annoncent un accroissement de la fréquence de la sécheresse. À mesure que le réchauffement planétaire se poursuivra, l’identification et la diffusion réussies des variétés de maïs plus résistantes à la chaleur deviendront un mécanisme d’adaptation de plus en plus important dans le cadre de la gestion des risques climatiques.
Impacts et leçons apprises
Il ressort d’une étude d’évaluation ex ante réalisée par La Rovere et al. (2010) 2 sur les impacts potentiels du projet DTMA (avec des taux d’adoption optimistes et des hypothèses d’augmentation de rendement de 10 à 34 % par rapport aux variétés non résistantes à la sécheresse) que d’ici à 2016, le projet DTMA pourrait générer un avantage économique cumulé d’environ 0,9 milliard de $ EU pour les agriculteurs et les consommateurs. En outre, on estime que le maïs résistant à la sécheresse pourrait aider plus de 4 millions de personnes à échapper à la pauvreté tout en améliorant les moyens d’existence de plusieurs millions d’autres. Le succès continu de cette initiative a été tributaire, dans une large mesure, des mécanismes de collaboration généralisés et durables que le CIMMYT et IITA ont mis en place parmi une large gamme de partenaires compétents.
Lien
CCAFS Big Facts - Drought-tolerant maize boosting food security in 13 African countries: https://ccafs.cgiar.org/bigfacts/#theme=evidence-of-success&subtheme=crops&casestudy=cropsCs2
References
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1
Sipalla F, Cairns J. 2015. CIMMYT-CCAFS Scientists Identify Maize Varieties That Can Withstand Drought and High Temperatures in Zimbabwe. Nairobi, Kenya: CIMMYT.
http://dtma.cimmyt.org/index.php/component/content/article/110-news-articles/176-cimmyt-ccafs-scientists-identify-maize-varieties-that-can-withstand-drought-and-high-temperatures-in-zimbabwe Cet article explique comment les chercheurs du CIMMYT-IITA ont identifié au Zimbabwe de nouvelles variétés de maïs capables de résister aux températures élevées et à la sécheresse. -
2
La Rovere R, Kostandini G, Abdoulaye T, Dixon J, Mwangi W, Guo Z, Banziger M. 2010. Potential impact of investments in drought tolerant maize in Africa. Addis Ababa, Ethiopia: CIMMYT.
https://books.google.co.uk/books?hl=en&lr=&id=vJ3fZu2TZVIC&oi=fnd&pg=PR6&dq=La+Rovere+et+al.+(2010).+Potential+impact+of+investments+in+drought+tolerant+maize+in+Africa.+CIMMYT,+Addis+Ababa,+Ethiopia.+&ots=yDKamQpWdS&sig=q3xGq-5sfRNtU6ISkps64Z80YJA#v=onepage&q&f=false L’étude évalue les impacts potentiels du projet « Maïs résistant à la sécheresse pour l’Afrique » (DTMA) géré par le CIMMYT et l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) dans 13 pays d’Afrique orientale, australe et occidentale : Angola, Bénin, Éthiopie, Kenya, Malawi, Mali, Mozambique, Nigeria, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe et Ghana. Elle décrit les avantages économiques et en termes de réduction de la pauvreté cumulés pour les agriculteurs et les consommateurs de ces pays au cours de la période 2007-16, depuis l’augmentation des rendements et la réduction des fluctuations de rendements d’une saison à l’autre, jusqu’à l’adoption par les agriculteurs de variétés de maïs améliorées et tolérantes à la sécheresse. Aux taux d’adoption les plus probables, selon les études les plus récentes et les conseils d’experts, le maïs résistant à la sécheresse peut générer 0,53 milliard de dollars EU grâce à l’augmentation des récoltes de maïs et à la réduction des risques au cours de la période d’étude, en supposant des améliorations prudentes du rendement – c’est-à-dire un gain de rendement par rapport au rendement normal du maïs amélioré de 3 à 20 %, selon le site et les conditions saisonnières. En supposant des gains de rendement plus optimistes – une fourchette de 10 à 34 % par rapport au maïs amélioré non résistant à la sécheresse – l’avantage économique est d’environ 0,88 milliard de dollars EU dans les pays en développement. Des rendements optimistes plus un remplacement complet des variétés améliorées actuelles, qui sont tolérantes à la sécheresse, pourraient aider plus de 4 millions de personnes à échapper à la pauvreté et plusieurs millions d’autres à améliorer leurs moyens d’existence. Le Nigeria, le Kenya et le Malawi tireront les avantages les plus importants sur le plan économique et sur la pauvreté, compte tenu des quantités de maïs semées dans ces pays, de l’importance du maïs dans les régimes alimentaires et des moyens d’existence des populations, ainsi que de leurs niveaux historiques d’adoption du maïs amélioré. En comparaison, les avantages seront plus modestes en Angola et au Mozambique et modérés en Ouganda et au Mali. Cependant, même si la majeure partie des ressources du projet DTMA était allouée aux pays où les avantages sont les plus importants, les autres pays continueraient de bénéficier des retombées de la recherche, qui pourraient être facilitées par les échanges transfrontaliers de semences. Au nombre des composantes essentielles de cette étude pluridisciplinaire figuraient des données sur le système d’information géographique ; des données sur la probabilité de mauvaises récoltes ; des données sur les rendements de la part des sélectionneurs ; les taux d’adoption du maïs prévus provenant, pour la plupart, des semenciers ; et les données sur la pauvreté fournies par les socio-économistes. Les variétés tolérantes à la sécheresse étudiées sont le produit de l’élevage classique, en d’autres termes elles ne sont pas transgéniques. La recherche de suivi examinera les avantages potentiels de facteurs tels que les effets en termes d’expansion de la superficie, d’accroissement de la diversité des cultures (les ménages peuvent satisfaire leurs besoins en maïs à partir d’une plus petite portion de leur terre, libérant ainsi de l’espace pour la production d’autres cultures) et d’accroissement de l’investissement dans les engrais et d’autres améliorations, suite à la réduction des risques. En plus, si le nombre des paysans qui adoptent le maïs tolérant à la sécheresse continue de croître au-delà de 2016, les rendements des investissements pour ce travail seront encore plus importants.